« Le bon pouvoir »
Qu’est-ce que le pouvoir ? Pour Nietzsche, c’est « la forme fondamentale d’une relation entre l’homme et le monde ». Mais dans le monde économique et dans l’entreprise, où se situe-t-il ? Dans l’entreprise, les relations de pouvoir sont plurielles, on le retrouve partout et à différents niveaux, du sommet de la hiérarchie à la base. Le pouvoir s’inscrit toujours dans le collectif. Pour Hannah Arendt, « il n’est jamais la propriété d’un individu ; il appartient à un groupe et n’existe que tant que le groupe reste ensemble ». C’est donc parce que l’entreprise est une entité collective qu’elle suscite une multitude de relations de pouvoir. Comme le soulignait Michel Crozier, « le pouvoir (…) n’est ni un désir ni un besoin qui devrait être satisfait ou réprimé en fonction d’un jugement moral. C’est un fait vital, irréductible, à partir duquel nous devons raisonner ».
Mais, le pouvoir est souvent amalgamé avec d’autres concepts, comme la force, la coercition, la puissance, la domination, l’autorité, le contrôle, la sanction, etc. Donc on pourrait le considérer comme quelque chose de mauvais. Pourtant, il n’est pas nécessairement contraignant et négatif, Il peut être valorisant et positif. En tout cas, il contribue très souvent à l’efficacité de l’entreprise, car il implique l’action.
Comme l’affirme la psychologue du travail Petra Schmid, « le pouvoir n’est pas intrinsèquement bon ou mauvais ». Étymologiquement, la notion de « pouvoir » évoque l’idée d’être capable de faire quelque chose et se réfère en effet plus à des capacités qu’à une légitimité à avoir un ascendant sur les autres. En entreprise, avoir du pouvoir signifie exercer plus de responsabilités et donc pouvoir prendre des décisions judicieuses… à condition toutefois de ne pas céder au complexe de supériorité et à l’abus de pouvoir, qui détruirait les liens de confiance et nuirait à la productivité, voire à l’image de l’entreprise.
La fonction confère le droit d’agir, mais attention à ne pas franchir la barrière. Plutôt que de s’en remettre au pouvoir conféré par son statut, ne vaut-il pas mieux chercher à développer un pouvoir relationnel ? Les patrons ou les chefs ne perdent-ils pas parfois, sans même s’en rendre compte, le contact avec la réalité en s’enfermant dans leur tour d’ivoire ?
Le pouvoir est effectivement porteur de controverse. Qui a le pouvoir d’entreprendre ? De décider ? De convaincre ? D’imposer ? Et comment ? Angeles Garcia Poveda, présidente non-exécutive de Legrand SA, répondra à ces questions le 1er février prochain.