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24 août 2024#LaREF24Que faire de la puissance des mers ? La planète bleue porte bien son nom ! Les océans abritent plus de 71 % de la surface du globe, plus de 90 % des espèces vivantes et représentent 97 % des ressources en eau. Ils nous nourrissent, nous soignent, purifient l’air que nous respirons et régulent le climat. En d’autres termes, ils sont les garants de notre survie. Mais cet écosystème fragile est aujourd’hui menacé par l’action de l’homme : pêche industrielle, utilisation des mers comme décharges et pollutions de toutes sortes, exploitation pétrolière offshore, réchauffement climatique du fait des émissions de gaz à effet de serre…, on ne compte plus les excès qui sont en train de tuer l’océan. « Les océans sont au cœur de notre destin et de celui de l’humanité », déclarait Emmanuel Macron lors de la journée mondiale de l’Océan en juin 2023. La prochaine conférence des Nations unies pour les océans se tiendra à Nice en juin 2025. L’économie bleue, parce qu’elle représente un potentiel de croissance encore inexploité, suscite des convoitises, mais aussi des controverses. Comment exploiter de manière durable la puissance des océans pour répondre aux besoins de l’humanité tout en préservant l’équilibre écologique des écosystèmes marins ? L’océan, poumon de la planète Grâce au phytoplancton qui produit environ 50 % de l’oxygène que nous respirons, les océans jouent un rôle écologique majeur. Ils constituent aussi l’un des plus grands puits de carbone de la planète, piégeant de grandes quantités de CO2 atmosphérique et contribuant à atténuer les effets du changement climatique. Malheureusement, les océans se sont progressivement acidifiés depuis la révolution industrielle. Partout les récifs coralliens blanchissent, ce qui a un impact direct sur la survie des crustacés, qui agissent pourtant comme des filtres qui absorbent le dioxyde de carbone en excès et nettoient les océans de leurs polluants. A mesure qu’il stocke des quantités croissantes de chaleur et de CO2, l’océan se réchauffe et affecte à son tour le climat. Ce réchauffement entraîne des répercussions concrètes telles que la fonte des calottes polaires et l’augmentation du niveau de la mer. Comme l’explique la glaciologue Heïdi Sevestre, « nos deux grandes calottes polaires contiennent suffisamment de glace pour augmenter le niveau des océans jusqu’à 65 mètres. On sait qu’une élévation d’un mètre est inévitable. Cela peut arriver d’ici les années 2070 dans le pire des cas. On pourrait même atteindre les trois mètres d’élévation du niveau d’ici le début des années 2100, c’est vraiment cataclysmique car un milliard de personnes habitent entre zéro et dix mètres d’altitude ». Pour inverser la tendance, nous devons donc impérativement réduire nos émissions de dioxyde de carbone et abaisser la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Dans son dernier rapport, le GIEC a présenté un ensemble de solutions appelées « développement climatique résilient », afin de protéger et restaurer les écosystèmes, dont les océans. Il en va de la survie de ces derniers… et de la nôtre. Un garde-manger menacé Il y a plus de 3,85 milliards d’années, c’est dans l’océan qu’est apparue la toute première cellule vivante et que la biodiversité a vu le jour et s’est épanouie. L’océan abriterait aujourd’hui plus de 10 millions d’espèces pour la plupart encore inconnues, soit plus de 90 % des espèces vivantes. Beaucoup d’entre elles sont comestibles, ce qui fait de l’océan un garde-manger pour la planète. Les produits de la pêche représentent environ 25 % de la consommation mondiale de protéines animales. Un pourcentage qui monte à 55 % en Asie. Cette importance vitale du poisson est d’autant plus grande qu’une multiplication par deux de la demande est prévue d’ici la fin du siècle. La plupart des espèces de poissons traditionnellement destinées à la consommation sont pourtant d’ores et déjà actuellement exploitées au maximum, quand elles ne sont pas surexploitées, et les stocks mondiaux déclinent. De plus, 20 % des captures mondiales proviennent de la pêche illégale, non déclarée ou non réglementée. La surpêche menace également les grands cétacés de plus en plus nombreux à se prendre dans les filets. Pourtant, selon les spécialistes, la surpêche pourrait bien être le problème de l’océan le plus simple à résoudre et de nombreuses populations de poissons pourraient être restaurées grâce à une application plus stricte des lois régissant les captures et un recours accru à l’aquaculture ou à l’ensemencement océanique. Bien protégé et géré, l’océan pourrait alors assurer en 2050 deux tiers des besoins alimentaires mondiaux de protéines estimés à 500 millions de tonnes. Encore faut-il que l’océan reste un milieu sain, or de très nombreuses espèces marines sont aujourd’hui victimes de la pollution des eaux. Un océan de déchets Environ 13 millions de tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les océans et sont à l’origine de 80 % des débris flottant en surface ou enfouis en profondeur.  Cette pollution est l’un des problèmes majeurs affectant l’environnement marin. Elle accélère directement le changement climatique et menace environ 4000 espèces. Plus de 90 % des oiseaux de mer auraient ainsi des morceaux de plastique dans l’estomac. Les océans contiennent également de gigantesques « continents » de déchets. On estime que le plus grand d’entre eux, baptisé « vortex de déchets du Pacifique nord », s’étend sur une superficie équivalente à trois fois celle de la France. Ces polluants sont ingérés par les poissons, poissons que les humains consomment ensuite, avec, à la clé, de nombreux problèmes sanitaires. Si rien n’est fait, le pire est à craindre, car on estime que la production devrait tripler d’ici 2060. Or, 81 % du plastique produit chaque année devient un déchet qui finit son voyage dans l’océan. A ce rythme, « d’ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan » s’alarment les scientifiques. Heureusement, une prise de conscience s’est amorcée et de nombreuses initiatives ont été prises pour limiter cette pollution. Espérons qu’elles portent rapidement leurs fruits. Une incroyable réserve d’énergie De nombreux projets sont en cours pour évaluer les potentialités énergétiques de l’océan. Aujourd’hui, les énergies marines ne représentent que 0.2 % de l’énergie mondiale. Mais si l’on en croit les estimations de la Commission européenne, en utilisant le mouvement de seulement 0.1 % des vagues dans le monde, on pourrait subvenir aux besoins énergétiques de toute la planète. Les énergies que pourraient fournir l’océan sont toutes des énergies propres. Marées, vagues, courants et même algues. L’océan qui soigne L’utilisation des ressources marines pour se soigner remonte à la plus haute antiquité. Egyptiens et Mésopotamiens se servaient déjà d’extraits d’algues et de mollusques pour leurs vertus. Aujourd’hui, les recherches sur les propriétés médicinales de certains organismes marins se poursuivent dans le monde entier. Les particularités de ces organismes en font une réserve inestimable de voies thérapeutiques : agents anticancéreux, antimicrobiens, antiviraux, anti-inflammatoires, antidiabétiques, antihypertenseurs, anticoagulants, antioxydants…. On estime à quelque 25 000 le nombre de produits d’intérêt pharmacologique ou cosmétique déjà obtenus et ce n’est qu’un début. Les premiers travaux significatifs en chimie des substances naturelles marines sont ceux du professeur Werner Bergmann, en 1951, aujourd’hui, la plupart des molécules d’origine marine en développement clinique sont destinées au traitement des cancers ou à la lutte contre les virus. Le futur de notre santé dépend donc directement de celle de l’océan. La septième nation mondiale Le poids de l’économie bleue, c’est-à-dire les activités économiques qui dépendent de l’utilisation des ressources côtières et marines, a été évaluée à 1.500 milliards de dollars de valeur ajoutée par l’OCDE, soit 2,5 % de la valeur ajoutée brute mondiale. Si l’océan était un pays, il se situerait au 7ème rang mondial devant des pays comme le Brésil ou la Russie. Les océans, c’est 15 % de l’apport calorique mondial. 3.5 milliards de personnes en dépendent pour leur source primaire d’alimentation. 80 % des marchandises vendues dans le monde ont traversé les océans et près de 60 millions de personnes ont un emploi directement lié à l’océan sans compter tous ceux qui en dépendent économiquement. La santé des océans est donc primordiale pour la croissance, or, aujourd’hui, nous l’avons vu, de nombreuses menaces la mettent en péril. La France qui possède le deuxième domaine maritime du monde a incontestablement un rôle majeur à jouer dans les discussions internationales au sujet de la protection des océans. La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan se tiendra d’ailleurs à Nice en juin prochain. Il va, bien sûr, falloir des financements importants pour développer une économie bleue durable, mais les enjeux sous-jacents sont forts, car l’économie bleue permet tout à la fois de stimuler l’innovation, de créer des emplois et de lutter contre le changement climatique. Pendant des siècles, l’humanité a agi comme si mers et océans étaient des ressources inépuisables, capables de nous nourrir et d’absorber tous nos déchets. Il n’en est rien. Comme l’explique Isabelle Autissier, présidente d’honneur du WWF France, « aujourd’hui, nos océans sont à bout de souffle et nous sommes tous concernés. Il est encore temps d’agir pour limiter les pressions pesant sur les océans et inverser la tendance : des solutions existent et nous pouvons ensemble les mettre en œuvre ! ». Lesquelles et comment ? Réponse le mardi 27 août lors du débat « Que faire de la puissance des mers ? [...]
23 août 2024#LaREF24Toutes les infos sur la soirée de La REF Cette année, nous vous proposons de partager un grand apéro des régions, lundi 26 août à partir de 18h30, sur la pelouse. Dès 19 heures 45, place au grand dîner champêtre.A partir de 21 heures 30, lancement de l’after avec DJ Julia, suivi d’un set de Cut Killer. [...]
23 août 2024#LaREF24Signez et rejoignez le Manifeste de l’engagement Venez assister mardi 27 août, à partir de 17 H15, à la plénière de clôture de #LaREF24, en présence des 50 premiers signataires du Manifeste de l’engagement, avec de nombreuses personnalités de premier plan : L’entreprise, les femmes et les hommes qui s’y engagent, sont des acteurs majeurs de la réussite de la France. Leur engagement, partout dans les territoires, est la clef pour répondre aux grandes transitions – économique, technologique, sociale et environnementale – qui traversent notre pays. Le haut niveau de confiance que les Français placent dans l’entreprise, la bonne image qu’ils ont d’elle tout comme les attentes croissantes à son égard nous obligent à agir avec détermination. Conscients de ces responsabilités et déterminés à jouer notre rôle, nous, signataires du présent manifeste, nous nous engageons à plus encore : Agir pour l’intégration par l’emploi du plus grand nombre en recrutant des personnes qui en sont éloignées et en nous mobilisant pour coconstruire des parcours d’inclusion ; Préparer dès aujourd’hui les générations futures aux défis sociaux, digitaux, écologiques et du marché du travail en les accompagnant dans leur orientation, en luttant contre le décrochage scolaire, en faisant découvrir à toutes et tous les métiers et en soutenant l’apprentissage, les lycées professionnels et l’entrepreneuriat ; Construire les échanges intergénérationnels, dynamiser l’ascenseur social pour les salariés et l’acquisition de compétences tout au long de la vie afin de contribuer aux transitions à venir ; Participer à lever activement les déterminismes sociaux, les plafonds de verre qui paralysent l’initiative individuelle et ainsi redonner sens à l’indispensable et salutaire égalité des chances ; Promouvoir sans relâche la mixité et faire reculer les inégalités femmes/hommes et toutes les discriminations qui subsistent dans notre société ; Amplifier et valoriser les investissements dans l’innovation bas carbone pour construire l’agenda des solutions nécessaires aux transitions à venir et ainsi conjuguer transition écologique, acceptabilité sociale et impérative compétitivité ; Accélérer la mise en œuvre des transitions énergétiques et environnementales, planifier les réductions d’émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs de l’économie et renforcer la préservation de la biodiversité ; Nous engager nous-mêmes et faciliter l’engagement citoyen des salariés de nos entreprises ; mobiliser des ressources au service des écosystèmes associatifs locaux. Face à l’ensemble de ces défis, nous avons chacun un rôle à jouer pour le bien commun et nous voulons être à la hauteur de cette responsabilité. Les coopérations entre les différentes parties-prenantes – entreprises, associations, acteurs de l’économie sociale et solidaire, partenaires sociaux, pouvoirs publics – sont indispensables pour construire une prospérité partagée. Il est impératif d’amplifier cette dynamique en collaboration avec la puissance publique pour en maximiser les impacts et le déploiement. Pour réussir ensemble à construire une société apaisée, unie, confiante en l’avenir, prête à relever tous les défis, nous, dirigeants engagés, entreprises, MEDEF – dans chaque territoire comme au niveau national – fédérations professionnelles, comptons sur vous. Nous croyons au pouvoir de l’engagement et en la capacité des entreprises à générer une croissance responsable bénéfique à toutes et tous. Alors, dirigeantes et dirigeants d’entreprises de toutes tailles, partout dans les territoires, vous qui avez déjà l’engagement chevillé au corps, rejoignez-nous !Rejoignez-nous et ensemble engageons-nous pour une société plus inclusive, plus juste, respectueuse de notre planète. Ensemble, engageons-nous pour un avenir où chacun a sa place. Ensemble, engageons-nous ! Vous pouvez signer et rejoindre ce manifeste, Le pouvoir de l’engagement, en nous écrivant à l’adresse suivante : manifestedelengagement@medef.fr [...]
22 août 2024#LaREF24CMA CGM, engagé pour faire de la France une pionnière de l’IA Comme de nombreuses entreprises confrontées à une révolution digitale et technologique et à un tournant dans notre société, l’intelligence artificielle intéresse depuis longtemps le Groupe CMA CGM. Il ne suffit plus d’observer ce mouvement : il est essentiel d’en devenir acteur et d’anticiper les évolutions à venir.   Plutôt que de laisser les fantasmes dominer le débat, il est essentiel de combiner la puissance de l’intelligence humaine avec celle des machines. L’intelligence artificielle, si elle est bien utilisée, représente une opportunité stratégique pour la France. Il s’agit d’en faire un atout pour l’économie, l’industrie, la santé, le travail, la cybersécurité… et la souveraineté du pays, en nous permettant de nous hisser parmi les leaders mondiaux de l’IA.  Le pays regorge d’inventivité, les grandes écoles et établissements d’enseignement supérieur forment des experts de renommée mondiale en mathématiques, en informatique et en ingénierie. Les fondements de l’IA ont été en grande partie développés par des scientifiques français que le monde entier envie. Il est impératif de retenir les talents en France, pour que la recherche française en IA puisse atteindre ses ambitions et diffuser ses applications à grande échelle, dans un esprit de partage des connaissances qui rappelle celui des Lumières.  C’est cet esprit qui anime Kyutai, le laboratoire de recherche en IA que le Groupe CMA CGM a co-fondé en novembre dernier avec Iliad et The Eric & Wendy Schmidt Fund for Strategic Innovation. Kyutai est indépendant, à but non lucratif, et installé à Paris. Il est dirigé par une équipe scientifique française de premier plan et bénéficie de la plus grande puissance de calcul européenne. Son engagement envers la recherche ouverte, l’open science, garantit que tous ses travaux seront accessibles librement, pour le bénéfice de la communauté scientifique, des industriels, des développeurs, des citoyens, et des générations futures. Kyutai reflète ce que l’IA doit être : un outil ancré dans le monde d’aujourd’hui pour permettre de progresser demain dans une logique d’innovation éthique. En finançant Kyutai, le Groupe CMA CGM a choisi de faire de son premier investissement majeur dans cette technologie un soutien au développement de l’IA en France.  Le Groupe CMA CGM a également créé une division dédiée à l’IA pour ses navires, comptant une cinquantaine de collaborateurs, et a ouvert, en mai 2024, Tangram, un centre de formation et d’innovation à Marseille qui forme plusieurs milliers de collaborateurs par an à cette thématique, afin de soutenir la performance des équipes à travers le monde.   Un monde avec plus d’IA permettra de transformer les secteurs, les entreprises et les métiers. Dans le transport et la logistique, avec 620 navires desservant 420 ports et transportant plus de 20 millions de conteneurs par an et 10 millions de m² d’entrepôt, l’IA et l’analyse prédictive aideront à traiter les millions de données générées pour améliorer l’expérience client et proposer des solutions optimisées et une qualité de service accrue pour des chaines logistiques plus fluides. C’est le sens du partenariat stratégique formé entre CMA CGM et Google pour mettre l’IA au cœur de toutes les activités du Groupe.  L’IA sera aussi un levier majeur pour renforcer les performances environnementales de CMA CGM. Elle permettra d’accélérer la décarbonation de l’industrie. En 2023, l’utilisation de l’IA pour optimiser le routage de 80 navires de CMA CGM a permis de réduire leur empreinte carbone d’environ 130 000 tonnes d’émissions CO2e, et leur consommation de carburant de 40 000 tonnes équivalent fioul.  L’IA offrira, enfin, des leviers d’opportunité considérables pour les médias du Groupe, en transformant radicalement la manière dont l’information est produite, diffusée et consommée, du point de vue du journaliste comme de celui du lecteur. L’IA au service des médias pourrait non seulement enrichir le paysage médiatique, mais aussi renforcer la qualité et l’accessibilité de l’information pour le grand public. Chez CMA Media, l’intégration de l’intelligence artificielle au service des journalistes est au cœur de la stratégie. Cela permettra à nos rédactions de gagner en efficacité sur des missions à forte valeur ajoutée comme l’enquête et l’investigation. Des sessions de formation ont été organisées pour toutes les rédactions afin qu’elles puissent exploiter pleinement les capacités de l’IA, plutôt que d’en être contraintes.  Le Groupe CMA CGM croit profondément en l’intelligence artificielle. Elle occupera une place croissante dans les vies de chacun. À nous d’écrire la suite de cette aventure à la française pour qu’elle profite aux générations futures. Le Groupe CMA CGM [...]
22 août 2024#LaREF24BFM BUSINESS, leader de l’info économique et financière à nouveau partenaire de la Ref 2024 ! Retrouvez pour l’occasion des émissions délocalisées depuis l’hippodrome de Longchamp à suivre en TV, radio et digital.Et tout au long de l’événement : sujets, séquences et invités qui exposeront les défis auxquels les entreprises françaises sont confrontées et les nombreux atouts dont elles disposent pour y répondre. Lundi 26 août : 12h-13h : « Avec Vous » présentée par Sandra Gandoin 13h-15h : Édition spéciale présentée par Sandra Gandoin avec les interventions en direct de : – Patrick Martin, président du MEDEF– Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale– Gérard Larcher, président du Sénat 18h-20h : « GOOD EVENING BUSINESS » présentée par Guillaume Paul et la « Grande Interview » d’Hedwige Chevrillon. Mardi 27 août : 6h-9h : « GOOD MORNING BUSINESS » présentée par Laure Closier avec David Delos et Raphaël Legendre 9h-10h : « LES EXPERTS » présentée par Nicolas Doze  12h-13h30 : « 90 MINUTES BUSINESS » présentée par Sandra Gandoin Samedi 31 août à 6h et à 21h, dimanche 1er septembre à 22h : « LA LIBRAIRIE DE L’ÉCO » présentée par Emmanuel Lechypre Vendredi 31 août à 14h30, samedi 31 août à 12h, dimanche 1er septembre à 15h30 : « LA FRANCE A TOUT POUR RÉUSSIR » présentée par Jérôme Tichit BFM BUSINESS, LA FRANCE A TOUT POUR REUSSIR ! Disponible en radio, TV, digital (application, site, podcasts) et sur RMC BFM Play [...]
19 août 2024#LaREF24Savoir, c’est pouvoir ? « Scientia potentia est », cette affirmation généralement attribuée à Francis Bacon montre que dès le seizième siècle, et sans doute bien avant, on a considéré que « le savoir, c’est le pouvoir ». Dans nos sociétés de la connaissance, le savoir est devenu non seulement un élément de productivité économique, mais aussi un élément de légitimation des décisions politiques. Pour autant, le savoir tel qu’il était transmis auparavant, s’accompagne de plus en plus d’un savoir partagé, transmis via les réseaux sociaux, qui confère à ses promoteurs un nouveau pouvoir. L’expertise est désormais concurrencée, délinéarisée. Est-elle un nouveau contre-pouvoir ? Comment le contrôle et l’accès au savoir façonnent-ils les relations de pouvoir ? Savoir et pouvoir On oppose souvent deux types de savoirs, par rapport au pouvoir qu’ils donnent ou ne donnent pas. D’un côté, il y a le savoir désintéressé, qui ne vise qu’à mieux comprendre le monde qui nous entoure et à parfaire sa culture. Ce savoir « pur », désintéressé, a pour objectif principal de satisfaire notre curiosité intellectuelle. De l’autre côté, il y a les savoir-faire, qui allient la pratique à la théorie et qui confèrent des capacités, donc des pouvoirs, à ceux qui les possèdent. Mais la distinction est-elle aussi simple ? Platon, avec son concept du philosophe-roi, distinguait déjà trois catégories d’individus en fonction de l’élément qui domine en eux, le désir, le courage ou la raison. Pour lui, seule cette dernière, par le savoir et la sagesse qu’elle confère, a la faculté d’exercer le pouvoir et de diriger. On retrouve cette même relation entre savoir et pouvoir chez Auguste Comte, Dumézil ou Bourdieu, qui constatent que « seul le savant est capable d’établir scientifiquement la réalité, sur laquelle il pourra ensuite s’appuyer pour son action politique ». Ce qui conduit à « l’élitisme des intellectuels et à la soumission des masses ». Faut-il pour autant réduire le savoir à un instrument de domination ? De la société industrielle à la société de la connaissance Les formes de savoir que la science et la technologie mettent aujourd’hui à notre disposition accroissent nos possibilités d’action, notamment dans la sphère économique. Le savoir devient la dimension principale du processus de production de biens et de services. Désormais, l’esprit compte davantage que les bras ou les machines, ce qui offrent d’énormes avantages concurrentiels aux sociétés les plus avancées et les mieux éduquées. Le problème est qu’un même savoir n’est pas mis à la disposition de tous, même si les TIC en rendent l’accès plus facile. D’une part, tous les individus n’ont hélas pas les mêmes capacités et facilités pour acquérir et assimiler de nouvelles compétences, d’autre part, comme le redoutait Marshall Macluhan, « ceux qui possèdent le pouvoir optent plus souvent pour la concentration du savoir plutôt que pour sa diffusion ». « Même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave », écrivait Condorcet. Certes, les choses ont beaucoup évolué et, grâce à l’école et à Internet, les gens sont désormais de plus en plus instruits, mais ce sont toujours les enfants de l’élite sociale qui ont accès aux meilleures écoles et formations, facilitant ainsi leur futur accès au pouvoir. Pour faire bouger les lignes, il est donc urgent de réformer notre système éducatif et de rendre l’éducation plus innovante et plus inclusive. En dépit des discours vantant l’égalité des chances, le modèle de notre École reste fondé sur les trois fondamentaux fétiches que sont « lire, écrire, compter » et sur la compétition entre individus. Beaucoup d’apprentissages essentiels n’ont qu’une place subsidiaire ou sont formellement absents, ainsi tout ce qui est du ressort de la main et du corps reste très fortement infériorisé. Bien sûr, un usage bien compris des TIC, voire de l’intelligence artificielle, pourra aider à réduire ce fossé, mais quand on sait qu’au niveau mondial 244 millions d’enfants âgés de 6 à 18 ans ne sont pas scolarisés, dont 118,5 millions de filles, on voit le chemin qu’il reste à faire. Qui plus est l’école peut-elle aujourd’hui encore se présenter comme le seul « Temple du Savoir » ? Opportunités et dangers des réseaux sociaux En popularisant le concept de société de la connaissance, Peter Drucker a mis en évidence les enjeux majeurs de la transmission des savoirs. Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont devenus un moyen croissant de diffusion des connaissances. Ils offrent la possibilité de toucher des communautés très larges. L’usage des réseaux sociaux pour se former et s’informer est en croissance continue en France. Devenus un véritable phénomène de société, les réseaux sociaux ne sont pas dénués d’avantages : ils participent à la démocratisation de l’éducation ; Ils permettent de garder un œil ouvert sur la situation mondiale ; ils entraînent une prise de conscience collective face aux abus du pouvoir et peuvent de ce fait constituer un puissant contre-pouvoir. Mais ils sont hélas aussi vecteurs de fausses informations, de contre-vérités et de théories du complot qui remettent en cause les savoirs fondamentaux et peuvent représenter des menaces pour nos démocraties et des incitations à la violence. On a vu par exemple le rôle des réseaux dans l’assaut du Capitole après l’élection de Joe Biden. Ces dangers conduisent certains observateurs à voir dans les réseaux une arme de destruction massive. « L’Internet représente une menace pour ceux qui savent et qui décident. Parce qu’il donne accès au savoir autrement que par le cursus hiérarchique », affirme Jacques Attali. Or, on sait les difficultés à lutter contre les fake news et la désinformation, d’où la nécessité de repenser l’usage des réseaux et de développer le discernement critique dès l’école. L’intelligence artificielle va-t-elle rebattre les cartes ? Le XXIe siècle verra la plus grande révolution technologique que le monde n’ait jamais connue avec l’avènement de l’Intelligence artificielle. Pour Paola Fabiani, présidente de Wisecom, « toutes nos certitudes seront alors battues en brèche. Dans moins de cinq ans, la part du travail humain effectuée par les robots passera de 10 à 25 %. Qu’en sera-t-il en 2050 ? Pour la première fois de notre histoire, le savoir n’est plus le pouvoir ». Pour elle, face à ces bouleversements, « une seule planche de salut : le talent ».  En plus de diffuser les savoirs, il appartiendra donc à l’école de tout mettre en œuvre pour permettre à tous les talents de s’exprimer et de s’épanouir. Alors, quelles sont aujourd’hui les relations entre savoir et pouvoir ? Le savoir est-il toujours une composante importante du pouvoir et le restera-t-il ? Réponse le 27 août prochain lors du débat « Savoir, c’est pouvoir ? ». [...]
19 août 2024#LaREF24Du côté de chez Tschann Comme tous les ans, plus d’une vingtaine d’écrivains, d’essayistes et de personnalités intervenants à la REF viendront dédicacer leurs ouvrages au sein de la librairie éphémère, imaginée par l’équipe de Tschann.Installée au cœur du village, la librairie de la REF propose aussi les nouveautés de la rentrée littéraire et une sélection des meilleurs titres en économie, sciences humaines, histoire, art, poésie, jeunesse, etc. LUNDI APRES-MIDI 15h30 – Laureen Kouassi-OlsonIconic Africa (29 sept 2023) 16h00 – Jean-Luc Alexandre, PDG NaareaLe nucléaire nouvelle génération – L’énergie qui réconcilie croissance et environnement, 2024 – Editions Hermann  16h00 – Julien Boutiron, avocatLe droit du travail pour les nuls  16h30 – Maximilien RouerLa France Bleu Blanc Vert, publié chez L’ADN 16h30 – Général Dominique TrinquandCe qui nous attend – éditions robert Laffont MARDI MATIN 10h00 – Bertrand Badré et Fabienne Alamelou MichailleCo-auteur du « Pouvoir en partage », fondateur de Blue like an Orange Sustainable Capital, et ancien directeur général financier de la Banque Mondiale 10h00 – Julien Boutiron, avocatLe droit du travail pour les nuls 10h00 – Anthony Benhamou, économisteOn parie que vous allez aimer l’économie !  éditions EllipsesOuvrage co-signé avec Marc-Olivier Strauss-Kahn et préface rédigée par Christine Lagarde 11h00 – Maximilien Rouer, Mazars dédicacesLa France Bleu Blanc Vert, publié chez L’ADN 11h00 – Martial You, éditorialiste Économie RTL/M6Les Années 70 sont de retour – Fayard 11h30 – Général Dominique TrinquandCe qui nous attend – éditions robert Laffont 13h00 – Asma Mhalla, chercheuse au Laboratoire d’Anthropologie Politique de l’EHESS/CNRS, enseignante à Columbia, spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la TechTechnopolitique – éditions du Seuil MARDI APRES-MIDI Anne LauvergeonLa promesse – Grasset  – 13h30 – Florence Coste, professeur d’études américaines à l’Université Toulouse-Jean JaurèsReagan (Editions Perrin, 2015) 14h00 – David Colon, enseignant et chercheur en histoire à Sciences PoLa Guerre de l’information (Tallandier, Essais, 2023)Les maîtres de la manipulation (Tallandier, Texto, 2023)Propagande (Flammarion, « Champs », 2021) 14h00 – Pascal LorotLe choc des souverainetés 14H30 – Olivier Babeau« La tyrannie du divertissement » Éditeur ‏ : ‎ BUCHET CHASTEL 14h30 – Emmanuel Kessler, président LCP AN « Bergson, le penseur de l’imprévisible », en poche (Collection Alpha – Editions de l’Observatoire) 15h00 – Michel de RosenFraternité ! paru en novembre 2023, chez Odile Jacob. 15h30 – Frédéric MessianMetamarque 15h45 – Virginie Tournay, directeur de recherche CNRSLe vivant est-il gouvernable ? publié en 2024, 16h30 – Anthony Benhamou, économisteOn parie que vous allez aimer l’économie !  éditions EllipsesOuvrage co-signé avec Marc-Olivier Strauss-Kahn et préface rédigée par Christine Lagarde [...]
19 août 2024#LaREF24Smartphones, écrans… Regarde-moi dans les yeux ! Tout le monde est penché sur son smartphone dans les transports en commun, dans le train, tout le monde regarde les concerts à travers son téléphone, est-ce bien normal ? De plus en plus d’adolescents, de jeunes adultes et d’adultes sont comme rivés à leur téléphone, se peut-il que cela n’ait pas de conséquence sur leur santé mentale, sur leur vie sociale ? Comment cela pourrait ne pas avoir de conséquences sur la vie en entreprise, la sécurité, la santé des salariés et le management ? C’est sur toutes ces questions que PRO BTP et son Observatoire santé vous proposent d’échanger des réflexions sur le fondement d’une grande étude scientifique que le groupe de protection sociale a réalisée avec le Centre de Recherche de l’Institut Rafaël. Comment mesurer sa dépendance au smartphone et à ses contenus, son degré de sévérité ? Quels dangers pour soi et pour autrui ? Alors que l’attention des media et des pouvoirs publics se focalise essentiellement sur les risques spécifiques pour les enfants et les adolescents, cette étude présente les seuls résultats disponibles auprès des adultes à partir des 21000 réponses de salariés qu’elle a collectées et analysées. Le constat qui en résulte est sans ambiguïté. Une très large proportion des répondants présente des usages problématiques du smartphone et des contenus auxquels il donne accès et une part importante d’entre eux sont dans une relation qui s’apparente à une addiction : réactions immédiates et irrépressibles aux notifications, sentiment de manque en l’absence du smartphone, primauté des pseudo-échanges sur les conversations réelles, etc. Et les premières recherches avancées aux Etats-Unis font craindre pour la santé mentale des adolescents qui ont été et sont encore confrontés aux smartphones et à leurs contenus sans régulation adaptée. Sans nier tous les avantages que procurent le smartphone et les contenus numériques, il n’est plus possible de faire l’économie d’un débat de société sur la bonne régulation de leur usage, non seulement pour les enfants et les adolescents, mais aussi pour l’ensemble de la population. Au-delà des questions sanitaires individuelles dont l’impact financier ne doit pas être ignoré, perce ici une dimension proprement collective qui affecte le fonctionnement de toutes les communautés : les entreprises aussi bien que les communautés politiques dont la cohésion est fragilisée. PRO BTP est le 1er groupe professionnel de protection sociale au service des entreprises, salariés, artisans, apprentis et retraités du BTP et de la Construction. Il couvre près de 3 millions de personnes. L’Observatoire santé PRO BTP est un fonds de dotation dédié à l’amélioration de la santé des français et du système soin ainsi qu’au renforcement de la prévention. [...]
12 août 2024#LaREF24Les contre-pouvoirs ont-ils encore du pouvoir ? Fragilisés dans une société de plus en plus fragmentée, les contre-pouvoirs sont à la peine dans la plupart des sociétés libérales. Est-ce le signe d’un affaiblissement de la démocratie ? Pourtant, les corps intermédiaires sont aux fondements de nos démocraties modernes. Peuvent-ils encore aujourd’hui jouer leur rôle de contre-poids ? « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir », disait Montesquieu dans L’Esprit des lois. Face à une autorité établie, les contre-pouvoirs sont en effet des contre-feux essentiels dans nos démocraties, car ils permettent de réguler l’activité politique et économique en comblant un vide entre l’Etat et les citoyens, afin que ces derniers ne se retrouvent pas systématiquement dans « la situation du pot de terre contre le pot de fer ». Mais aujourd’hui, les corps intermédiaires institués (partis, syndicats, ONG…), tout comme les contre-pouvoirs de la société civile (associations, mouvements de protestation, lanceurs d’alerte…) sont de plus en plus contestés et apparaissent souvent comme de simples empêcheurs de tourner en rond. Comment leur redonner la vigueur nécessaire au bon fonctionnement démocratique de nos sociétés ? La responsabilité de l’Etat « Notre démocratie a besoin de contre-pouvoirs sinon elle se meurt », affirme avec raison Agnès Verdier Molinier. « Corps intermédiaires et contre-pouvoirs ne peuvent être présentés comme une accumulation d’empêchements au bon fonctionnement démocratique, ils ont toujours été et sont les fondements des démocraties modernes. Il ne faut pas rêver de démocratie sans contre-pouvoirs ou d’unité nationale sans débat ni opposition ». Pourtant, en France les corps intermédiaires sont en perte de vitesse. L’Etat est-il responsable de cet état de fait ? Il est clair que la force de l’exécutif et de l’administration centrale laisse peu de place à l’équilibre des pouvoirs et cela n’a fait qu’empirer depuis les crises successives qu’a dernièrement traversées notre pays. Menaces terroristes, crise sanitaire ont conduit l’Etat à déclarer l’état d’urgence et à prendre des mesures drastiques unilatérales, qui sont venues rompre l’équilibre des pouvoirs. Cela s’est d’ailleurs traduit par une grave crise institutionnelle et par une désaffection des urnes… jusqu’aux dernières législatives, qui permettront peut-être de rebattre les cartes en mettant un terme à la verticalité du pouvoir central. Faiblesse des corps intermédiaires traditionnels « Pour éviter les abus de pouvoir qui sont inhérents à l’exercice même du pouvoir, pour éviter toutes les formes de tyrannie dans la vie sociale, il est indispensable qu’il existe des contre-pouvoirs », rappelle Céline Spector, professeur de philosophie à la Sorbonne. Mais comment leur faire toute la place qu’ils méritent et de quoi dépendent leur vitalité et leur efficacité, quand tous les régulateurs institutionnels : Conseil constitutionnel, Conseil d’État, Cour des Comptes, préfets… soit sont aux ordres, soit n’ont quasiment plus aucun pouvoir pour garantir notre liberté ? Certes, les citoyens se plaignent, protestent, manifestent… mais ils n’agissent vraiment que rarement, espérant toujours que d’autres vont enfin monter au front. Les corps intermédiaires traditionnels semblent pourtant aujourd’hui sclérosés. C’est par exemple le cas des syndicats en France, où seuls 11 % des salariés sont syndiqués, contre 70 % dans les pays nordiques. Le syndicalisme français souffre de sa représentativité relative. Il est en effet difficile de demander à un salarié de se syndiquer, alors qu’il ne trouve aucun lien idéologique avec le syndicat en question. Selon un rapport du Défenseur des droits de 2019, les freins à l’engagement syndical ». Atteints par une crise de légitimité dans des proportions proches de certaines institutions, les corps intermédiaires traditionnels sont aujourd’hui affaiblis dans leur autorité et leur efficacité. Alors, la société civile peut-elle prendre le relais et s’organiser en contre-pouvoirs plus efficaces ? La place de la société civile Plus qu’à la quantité de ses adhérents, l’efficacité d’un contre-pouvoir se mesure avant tout à l’intensité de leurs engagements, à leur capacité à révéler le réel, à saisir les médias, à créer des coalitions internationales. On le voit par exemple avec la force d’un mouvement comme #MeToo, qui au fil des années a eu un impact significatif contre la violence faite aux femmes dans des domaines comme le cinéma, l’arène politique, les médias… Autre exemple de contre-pouvoir civil efficace dans le domaine économique cette fois, l’Union fédérale des consommateurs (UFC), forte de plusieurs milliers de militants, qui est sur tous les fronts et qui est parvenue à faire sanctionner  bien des dérives. Autres exemples encore de contre-pouvoirs qui fonctionnent, les AAI (autorités administratives indépendantes), comme l’AMF ou l’Arcom, qui ont été créées par la loi et qui sont aujourd’hui près d’une quarantaine en France, présentes dans tous les domaines. Les AAI ont toutes le même mode de fonctionnement. Elles sont constituées en équipes légères avec des professionnels pointus, venus parfois du secteur qu’ils contrôlent, et elles savent très bien médiatiser leurs actions. Car rien ne sert de contrer, si ce n’est pas pour obtenir d’effet mesurable et visible ! Pour Pierre Rosanvallon, les contre-pouvoirs de la société civile se rangent en trois catégories : « la surveillance, l’empêchement (le blocage des décisions), et le jugement (le recours aux tribunaux). Cette contre-démocratie, explique-t-il, fait système avec les pouvoirs institutionnels. Elle les affaiblit, mais en même temps les préserve : ne prétendant ni les renverser, ni les remplacer, elle leur accorde une reconnaissance implicite ». Du bon usage des contre-pouvoirs La contre-démocratie est une force nécessaire et positive, mais elle présente aussi des dérives : elle ne porte plus de grand projet collectif et se réduit le plus souvent à un instrument au service du consumérisme politique ou des corporatismes. « Les mécontents ont remplacé les rebelles, l’intérêt catégoriel a remplacé l’exigence morale. En même temps, l’action critique des contre-pouvoirs contre les instances représentatives donne prise aux discours populistes ». L’auteur suggère plusieurs pistes pour « repolitiser la démocratie ». Comment faire en sorte que l’intérêt catégoriel ne prenne pas le dessus ? Et comment redonner toute la vigueur qu’ils méritent aux-contre-pouvoirs pour éviter la ruine de la démocratie ? Réponse le 27 août lors du débat « Les contre-pouvoirs ont-ils encore du pouvoir ? ». [...]
12 août 2024#LaREF24Le pouvoir du faux à l’assaut de la démocratie Nous vivons actuellement un « chaos informationnel » pour reprendre le rapport Bronner sur la désinformation en ligne. Nous faisons face à une avalanche de fausses informations, décuplées par la puissance de l’IA et des réseaux sociaux. Info ou intox, il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux, d’où une défiance croissante vis-à-vis des médias et une augmentation du complotisme. A défaut de freiner la propagation du faux, comment faire triompher la vérité ? Comment se protéger et partant protéger la démocratie ? Les fake news, un nouveau marché de l’information Les fake news n’ont rien de nouveau. Un des plus célèbres exemples reste le canular radiophonique d’Orson Wells diffusé le 30 octobre 1938 et annonçant le débarquement d’une horde d’extraterrestres. Mais les fake news ont pris aujourd’hui une ampleur sans précédent en raison de la place prise par les réseaux sociaux sur le marché de l’information. En 2022, 54 % des personnes interrogées dans le cadre du Digital News du Reuters Institute et de l’université d’Oxford disaient s’inquiéter de leur capacité à distinguer le vrai du faux en ligne. Dans cette « jungle informationnelle », où les informations sont surabondantes et souvent outrancières les utilisateurs ne savent plus à quel saint se vouer. La pandémie de Covid a montré à quel point les fake news pouvaient entraîner des conséquences délétères. Sur les masques, sur les vaccins, les fausses informations ont fait florès, empêchant un dialogue serein entre citoyens et pouvoirs publics et conduisant nombre de nos concitoyens à se mettre en danger. On assiste à un phénomène analogue en matière politique, c’est ainsi que les fausses assertions sur le pseudo trucage des dernières élections américaines a abouti à l’assaut du Capitole. La guerre en Ukraine est un autre terrain de prédilection pour la diffusion de fake news. Les médias et les propagandistes russes ne se privent pas de répandre de fausses informations pour assoir un narratif permettant de justifier l’intervention du Kremlin. Les fake news peuvent être utilisées dans une optique purement mercantile, pour des tentatives de hameçonnage. Mais elles peuvent surtout devenir une arme de la guerre informationnelle et les Russes sont devenus champions en la matière. La désinformation fait désormais partie de tout événement d’envergure… complotistes, fermes de trolls, botnets disposent de moyens colossaux et s’en donnent à cœur joie. Fantastique caisse de résonance, Internet est une aubaine pour tous les manipulateurs d’opinion. La démocratie ébranlée ? Le phénomène des fausses informations constitue également un nouvel indicateur de la crise de confiance politique qui ébranle actuellement les démocraties occidentales. Aujourd’hui, tout le monde peut dire n’importe quoi à n’importe qui via Internet. Chez les individus éduqués et armés les effets des fake news sont faibles, mais la désinformation peut avoir des effets catastrophiques sur les individus plus faibles à l’attention captive.  Pour le mathématicien David Chavalarias du CNRS, on peut redouter que nos démocraties « soient à l’avenir balayées par des mouvements populistes, à cause des manipulations d’opinions inhérentes au fonctionnement économique des grandes plateformes numériques ». Il semblerait également, selon des études américaines, que les seniors soient davantage vulnérables aux fake news et comptent parmi leurs plus gros diffuseurs. « Au-delà de 65 ans, les utilisateurs partageraient, en moyenne, jusqu’à sept fois plus de fausses informations que les jeunes de moins de 30 ans ». Or, les seniors constituent aussi un des plus gros bataillons d’électeurs. Les jeunes, eux, même s’ils se sentent mieux armés, sont souvent victimes de leurs plateformes de prédilection Apprendre aux jeunes et aux moins jeunes à aiguiser leur sens critique devient donc une nécessité, d’autant qu’on sait que le pouvoir d’une fake news est dix fois supérieur à celui d’une vraie information. « Alors que les vraies informations sont rarement diffusées à plus de 1000 personnes, certaines fake news touchent jusqu’à 100000 utilisateurs et sont davantage partagées ». Comment lutter ? Contrer efficacement les fake news est désormais un impératif si on veut préserver nos démocraties, mais c’est un travail de longue haleine, qui doit conjuguer des actions de long terme, comme l’éducation aux médias, et des actions à court et moyen termes. Les premiers qui peuvent agir sur le terrain de la désinformation sont les journalistes eux-mêmes, à travers le fact checking, qui consiste à vérifier les faits avant de les relayer. Un grand nombre de rédactions françaises s’est doté de dispositifs de fact checking, à l’instar du Monde avec son outil de vérification de l’information Décodex ou Libération avec CheckNews. Hélas, comme le montre une étude du Cevipof, « les consommateurs de fake news sont devenus très imperméables aux analyses et signalement émanant de fact checkeurs travaillant pour des médias ». Autre problème : la tendance à la persistance des fake news, qui sont sans cesse recyclées Les pouvoirs publics et les géants du web ont aussi un rôle à jouer. Les premiers en légiférant et en s’armant d’outils juridiques, les seconds en mettant en place des process efficaces de modération des contenus, afin de réguler davantage les informations qui circulent sur leurs réseaux. Mais on sait que les géants du web sont souvent réticents à filtrer et à supprimer des contenus, car cela s’apparente à de la censure. Pour rétablir la confiance des citoyens, il est surtout primordial de généraliser l’éducation aux médias et aux réseaux sociaux chez les jeunes en milieu scolaire et chez les moins jeunes. Gagner le combat contre la désinformation ne sera pas facile et prendra du temps. Les désinformateurs de tout bord disposent de ressources colossales pour noyer les démocraties sous les fake news, des ressources encore intensifiées par le développement de l’intelligence artificielle. Il devrait toutefois être possible de rééquilibrer les forces à condition d’y consacrer les moyens nécessaires. L’IA outil privilégié de désinformation L’intelligence artificielle générative, qui est en train de révolutionner nos usages du numérique, devient également l’outil privilégié de la désinformation en ligne via l’hypertrucage (deepfake) et la production automatique de texte. Dès 2019, les dirigeants d’OpenAI en étaient déjà conscients et mettaient en garde contre le risque que des acteurs mal intentionnés se servent de chatbots pour diffuser des fake news à large échelle. En plus de produire des articles de désinformation à partir de quelques mots, les algorithmes peuvent désormais modifier les visages et les voix captés sur vidéo. C’est ainsi que l’on peut trouver sur le Net des vidéos montrant Barack Obama insultant son prédécesseur, Trump annonçant la fin du sida ou le pape se promenant en doudoune Balenciaga. Avec l’IA, on peut reproduire la voix et le visage de n’importe quelle personnalité publique et monter des canulars en faisant propager de fausses informations par ces personnalités. Ce phénomène est devenu un réel problème d’autant que les outils d’intelligence artificielle sont très faciles et très rapides à utiliser, alors que les outils de détection de documents générés par l’IA sont encore très imparfaits. Si la désinformation existait avant l’IA, cette dernière a ajouté de la complexité, qui peut encore accroître la perte de confiance en nos institutions. N’oublions pas que la propagation et la consommation de fausses informations sont favorisée par les « fractures de la société », mises en lumière par Jérôme Fourquet. « Dans ces contextes, les individus peuvent être plus enclins à croire et à propager des théories du complot, des rumeurs et des fausses informations qui correspondent à leurs préjugés, à leurs craintes ou à leurs frustrations ». Comment protéger la liberté d’opinion et d’information, tout en luttant contre la propagation de fake news, qui peuvent nuire au fonctionnement démocratique ? Comment encourager l’esprit critique ?  Réponse le 27 août, lors du débat » Le pouvoir du faux à l’assaut de la démocratie ». [...]
12 août 2024#LaREF24Où va l’économie européenne ? Poursuite de la guerre en Ukraine, Inflation, perte de parts de marché, instabilité politique dans plusieurs pays, décrochage vis-à-vis des Etats-Unis… Comment se porte l’économie européenne ? Le pire est-il derrière nous, et quelles sont les prévisions pour 2024-2025 ? L’économie européenne reprend-t-elle enfin des couleurs ? 2023 a été plutôt morose pour l’économie de l’UE, sur fond de stagnation et de poussée inflationniste. Il semblerait que le pire soit désormais passé et la Commission table sur une croissance de 0,8 % en 2024 en zone euro (1 % pour l’ensemble de l’Europe), assortie d’une inflation à 2,5 %, plus faible que prévue. Selon Eurostat, au premier trimestre de 2024, le PIB a augmenté de 0,3 % dans l’UE, ce qui marque « la fin d’une période prolongée de stagnation économique commencée au dernier trimestre 2022 ». Pour la Commission, cette amélioration est entrainée dans une large mesure par l’expansion de la consommation privée et la poursuite de la croissance des salaires et de l’emploi. La Commission s’attend aussi à un rebond des échanges et à la poursuite de la désinflation sur les biens hors énergie et sur les produits alimentaires. Autres signes encourageants, la création de plus de deux millions d’emplois en 2023 et un taux d’emploi record des personnes âgées de 20 à 64 ans, même si « de nombreux marchés du travail dans l’UE restent tendus ». En revanche, Bruxelles est plus réservé sur les investissements, qui semblent en perte de vitesse, et mise sur la future baisse des taux directeurs de la BCE pour les relancer. Bruxelles s’inquiète également du contexte géopolitique en Europe, mais aussi au Moyen-Orient et aux Etats-Unis. « Nos prévisions restent très incertaines alors que deux guerres continuent de faire rage non loin de chez nous. Les risques de dégradation se sont accrus », prévient le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni. Autre source d’inquiétude selon Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du FMI, le décrochage de l’Allemagne, première économie du continent. « Les performances de l’économie allemande sont dramatiquement mauvaises », est même allé jusqu’à déclarer le ministre de l’Économie du pays, Robert Habeck. Un écart qui se creuse avec les Etats-Unis Si l’économie européenne va un peu mieux, elle ne cesse de décrocher par rapport aux Etats-Unis, qui semblent prendre le large face à la zone euro. Après quelques turbulences, l’activité outre-Atlantique a rebondi avec une vigueur impressionnante et, en 2023, le PIB des USA a progressé de 2,5 % contre seulement 0,5 % pour la zone euro. L’écart de richesses entre les deux blocs ne cesse de se creuser. Pour le Wall Street Journal, cela s’explique notamment par le fait que l’Europe a « une population vieillissante, qui préfère le temps libre et la sécurité de l’emploi aux revenus ». Mais cela s’explique aussi par les aides massives accordées par la Maison Blanche pour soutenir l’économie américaine, alors que l’Europe, contrainte de respecter une certaine rigueur budgétaire, ne dispose pas des mêmes marges de manœuvre. Qui plus est, l’Europe est beaucoup plus exposée à la crise énergétique que les États-Unis. Le comportement des consommateurs explique aussi ce décrochage. « Le consommateur américain consomme, quand le consommateur européen épargne », souligne Philippe Crevel, spécialiste des questions macroéconomiques. S’ajoutent à tout cela une démographie plus dynamique outre-Atlantique, donc une augmentation de la population active, un marché du travail plus flexible et un écart de productivité inquiétant qui, selon Eric Chaney de l’Institut Montaigne, « pourrait encore s’aggraver avec le développement de l’intelligence artificielle qui commence à se diffuser dans l’économie américaine ». Si rien n’est fait, renchérit Patrick Artus, « d’ici 2050, il y aura un effondrement du poids de l’Europe dans l’économie mondiale ». Il est donc temps de réagir et de mettre en œuvre les changements qui permettront de booster notre économie. Redonner de la force à l’Europe L’Europe dispose de très nombreux atouts, qu’il convient de ne pas oublier. En dépit d’un certain déclin, elle reste un acteur économique majeur avec 15,2 % du PIB mondial, derrière la Chine (18,9 %) et les États-Unis (15,5 %). L’Europe est aussi un des principaux exportateurs de marchandises et de services commerciaux et un partenaire fiable pour les échanges. Une autre force de l’Europe est la puissance de son marché intérieur, fort de près de 450 millions d’habitants, dont la grande majorité bénéficie d’une monnaie unique, ce qui en fait le plus grand marché développé au monde. Le potentiel européen est donc remarquable, mais encore faut-il parvenir à le mobiliser. Pour cela, des politiques d’investissements sont nécessaires. Plus grande zone de stabilité démocratique dans le monde, l’Europe doit encore se considérer comme une puissance et « se doter d’un véritable gouvernement économique et d’un budget digne de ce nom. Limité à 1 % du PIB, le budget européen reste beaucoup trop faible et ne permet pas de lancer les nouvelles politiques, attendues par les citoyens ». C’est d’autant plus crucial que la population de l’Europe vieillit et diminue. Elle ne représente plus que 6 % de la population mondiale, contre plus de 50 % pour les pays asiatiques. Pour éviter le décrochage, Patrick Artus considère également que l’Europe doit « réaliser un véritable marché intérieur des capitaux et une union de l’épargne ». Mais surtout, l’Europe doit avancer dans sa construction politique pour s’exprimer d’une seule voix, car « l’Europe sera unie ou ne sera plus ». Faut-il aller vers une économie de guerre ? La guerre en Ukraine a fait prendre conscience à l’Europe de sa faiblesse en termes de défense et de production d’armement. Les faits sont là, depuis le début de la guerre, 75 % des armes et munitions achetées par les Etats membres l’ont été en dehors du continent européen, dont un peu plus des deux tiers à des entreprises américaines. Faut-il pour autant aller vers une économie de guerre, comme le suggèrent le commissaire européen Thierry Breton et le chancelier allemand Olaf Scholz ?  Pour ce dernier, « nous ne vivons plus en temps de paix et pour réussir à dissuader les éventuels agresseurs, il faut une coopération industrielle plus étroite entre les Vingt-Sept ». Les usines d’armement européennes ont beau tourner à plein régime, elles n’arrivent pas à augmenter suffisamment les cadences de production pour satisfaire les besoins. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, affirmait même récemment que sur le million d’obus promis par l’Europe il y a un an, 30 % seulement auraient été livrés. Une économie de guerre implique la réorientation des structures économiques pour donner la priorité aux besoins militaires plutôt qu’à la consommation civile. Cela nécessite un contrôle gouvernemental accru sur les industries et une réaffectation des ressources. La Commission avance sur ce terrain, mais les embûches sont nombreuses. Les aspects négatifs d’une transition potentielle vers une économie de guerre sont immédiatement compréhensibles, car cela entraînerait une réduction des services publics, une hausse des prix et une augmentation des impôts. Ce que les citoyens européens n’apprécieraient pas.  Aussi, si le secteur européen de la défense est voué à se développer, une transition complète vers une économie de guerre est-elle pour autant nécessaire ? Le débat reste ouvert. Alors, où va vraiment l’économie européenne ? Notre vieux continent saura-t-il se donner les moyens de vraiment relancer sa croissance et de résorber le fossé avec les Etats-Unis, pour retrouver toute sa place sur l’échiquier économique mondial ? Réponse le mardi 27 août lors de la conversation « Où va l’économie européenne ? » [...]
12 août 2024#LaREF24Quand la science change le monde Les avancées scientifiques et technologiques modifient profondément notre compréhension du monde et ont un impact significatif sur tous les aspects de la société. Cependant, ces avancées ne sont pas toujours sans défis. Elles soulèvent des questions éthiques, sociales et environnementales majeures. La science et la technologie ont-elles toujours le pouvoir de transformer le monde de manière positive ou faut-il parfois s’en méfier ? « La technologie est une arme utile, mais une arme redoutable », disait déjà Franklin D. Roosevelt. En 2024, qu’en est-il ? Des avancées scientifiques qui vont révolutionner le monde La science mondiale progresse à pas de géant et des événements scientifiques d’ampleur s’annoncent. Des missions vers la lune ont été ou vont être lancées ; notre compréhension de l’univers progresse grâce aux performances des télescopes spatiaux comme le JWST ou Euclid ; d’autres vaccins nouvelle génération sont en cours de développement après le succès des vaccins à ARN messager lors de la pandémie ; la thérapie par modification génétique progresse ; les promesses des anticorps monoclonaux se confirment ; la physique des particules fait des pas de géant ; l’intelligence artificielle ne cesse de se développer… On pourrait démultiplier les exemples. Comme à chaque époque, le monde évolue grâce à la science et au progrès technologique et les grands pays se livrent une concurrence éperdue pour être les premiers. La science chinoise bouscule ainsi les hiérarchies établies au siècle dernier et pointe désormais à la deuxième place derrière les Etats-Unis en nombre de publications scientifiques. Le Japon recule, des pays comme l’Inde, l’Iran, la Corée du Sud émergent et la France occupe la 7ème place. La science s’internationalise également de plus en plus et les scientifiques collaborent de plus en plus au-delà des frontières. Tout cela est riche de promesses, mais peut-on faire aveuglément confiance à la science pour assurer à tous un avenir meilleur ou doit-on aussi s’en méfier ? L’exemple de l’IA Le développement de l’intelligence artificielle (IA) qui envahit petit à petit tous les domaines et tous les secteurs d’activité est, plus peut-être que toute autre avancée technologique, associé à la fois à des opportunités et à des défis. L’IA fait souvent peur en raison des menaces qu’elle fait peser sur l’éducation, sur l’emploi, sur la gouvernance des organisations, etc. Il est toutefois évident que l’IA aura une incidence sur l’évolution de nos sociétés. Pour 77 % des Français, elle va changer le monde tel que nous le connaissons et, de ce fait, devra être fortement réglementée. Une étude d’EY France sur les futures évolutions géopolitiques met en lumière l’ascension fulgurante de l’IA, non seulement « comme outil de progrès mais aussi comme futur champ de bataille pour les puissances mondiales ». L’intelligence artificielle est en effet rapidement devenue un élément central de la puissance et de l’influence des nations. Les grandes puissances, comme les États-Unis, la Chine, la Russie ou l’Union européenne, investissent massivement dans la recherche pour la développer. Au-delà de ses aspects économiques et technologiques, l’IA est également devenue un outil de soft power, influençant la diplomatie, la défense et le commerce international. Particulièrement redoutée en termes de cybersécurité, elle pose de nouveaux défis en matière de réglementation internationale. Les organisations internationales, comme l’ONU ou le G20, commencent à intégrer l’IA dans leurs agendas, cherchant à établir des cadres réglementaires et des normes éthiques. « La réglementation de l’IA, bien que complexe, offre une opportunité unique de réorienter le progrès technologique vers des fins plus humaines, équitables et durables. Elle nous challenge à penser différemment l’innovation, non seulement en termes de ce qui est technologiquement possible, mais aussi de ce qui est éthiquement souhaitable et socialement bénéfique ». Il est impératif que les pouvoirs publics, les entreprises, les chercheurs et les citoyens travaillent ensemble pour façonner une trajectoire où l’IA ne se contente pas d’améliorer l’efficacité et la productivité, mais renforce nos sociétés et protège notre planète. Les rapports de la science et de l’éthique La science a considérablement amélioré la condition de l’humanité et contribué à l’accroissement du bien-être mondial. Elle a aidé à relever les grands défis lancés aux sociétés humaines et elle continuera de le faire. Pourtant, certaines des applications de la recherche induisent des risques graves et irréversibles pour les générations futures et il est parfois difficile d’apprécier les conséquences de certaines recherches novatrices, par exemple dans les domaines de la génétique, du numérique ou de l’intelligence artificielle, qui comportent souvent des risques encore peu explorés. D’où l’importance de tenir compte des problèmes éthiques que ces domaines de recherche peuvent poser. Les relations entre la science, la morale et l’éthique ont fait l’objet d’intenses débats dès le VIème siècle avant notre ère. Dans une vision très idéaliste, Socrate avançait que « seule l’ignorance conduit au mal alors que, à l’inverse, la lumière de la Vérité éclaire le chemin du Bien et évite les égarements mauvais ». Protagoras était d’un avis adverse et, vingt siècles plus tard, Rabelais, suivant Protagoras, déclarera que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Les polémiques entre éthique et science se sont encore accrues dans la deuxième partie du XXème siècle, suite à la deuxième guerre mondiale et aux horreurs commises par les médecins nazis, avec comme aboutissement l’établissement de codes de conduite déontologique. De nos jours, les frontières entre recherche fondamentale et recherche appliquée sont devenues de plus en plus ténues, favorisant l’émergence de questions éthiques à des stades de plus en plus précoces. L’éthique et la science seront-elles moins conflictuelles au XXIème siècle ? Il est difficile d’y répondre. Mais la Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies, mise en place par l’Unesco, se penche sur ces questions et a inscrit à son programme de travail 2024-2025 les thèmes suivants :  l’éthique de la recherche, du développement et du déploiement des technologies de l’informatique quantique, en s’appuyant sur ses travaux relatifs à l’éthique des technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle, la robotique et l’internet des objets, ainsi que l’éthique de la recherche astrobiologique et de l’expansion humaine dans l’espace extra-atmosphérique. Quand les scientifiques deviennent des apprentis sorciers La science devient parfois instrument de domination, notamment en temps de guerre, quand les Etats investissent sans compter dans l’espoir de mettre au point une technologie susceptible de les aider à vaincre. Ce fut le cas lors des deux conflits mondiaux, où les scientifiques ont participé à la conception et au perfectionnement des nouvelles technologies militaires. Ce fut le cas pendant la guerre froide, quand Etats-Unis et URSS se sont livré une concurrence féroce pour recruter les anciens savants nazis, c’est encore le cas aujourd’hui avec la course à l’arme nucléaire de la Corée du Nord, de l’Iran et d’autres. Au-delà de recherche d’armements qui pourraient vitrifier la planète, le potentiel destructeur des technologies modernes provient aussi des biotechnologies. De la recherche sur les virus aux armes biologiques, il n’y a qu’un pas. « La ligne qui sépare des activités défensives à vocation thérapeutique et donc médicale, des activités offensives vouées à des applications militaires est très poreuse pour ne pas dire invisible » explique Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques et biologiques. « C’est ainsi que l’exemple récent des travaux menés par l’université du Wisconsin et une équipe néerlandaise sur les mécanismes de mutation du virus H5N1 inquiètent au plus haut point la communauté scientifique ». Un équilibre subtil doit donc être recherché entre progrès scientifique, éthique, morale et considérations géopolitiques et sécuritaires, car « la science progresse plus vite que la capacité de la communauté internationale à en réguler les potentielles conséquences ». Ce constat n’est pas uniquement valable pour la recherche médicale, mais également dans le domaine de l’innovation technologique en général. Science et développement durable Les changements climatiques qui bouleversent la planète font du sujet des relations entre science et développement durable un enjeu prioritaire. Face aux catastrophes écologiques et à la rapide évolution technologique, la science reste-elle incontournable pour trouver des solutions ? C’est en tout cas ce que pense l’ONU, qui a positionné la science, la technologie et l’innovation (STI) comme l’un des sept domaines d’action essentiels à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) fixés pour 2030. C’est également ce que pense une majorité de Français. Selon une récente enquête du groupe 3M, ils sont 79 % à estimer que la science joue un rôle crucial dans la résolution des enjeux du changement climatique et qu’elle est indispensable pour assurer à tous un avenir prospère durable. D’autres estiment au contraire que les progrès scientifiques peuvent constituer des dangers pour la planète. Il est vrai que la recherche scientifique intensive a permis, par exemple, d’élaborer des produits chimiques utilisés dans l’agriculture et l’industrie, qui ont contribué à intensifier la pollution de l’eau et de l’air. La science a aussi stimulé l’utilisation de technologies comme l’automobile, les avions et les machines industrielles, qui nécessitent d’énormes quantités d’énergie et de ressources naturelles. La science est un outil puissant pour améliorer notre vie, mais elle peut également avoir des effets négatifs sur notre environnement si elle n’est pas utilisée de manière responsable et durable. Le COMETS a été saisi par le CNRS de la question de l’impact environnemental de la recherche scientifique. Cette saisine s’inscrit dans un contexte d’interrogations profondes, au sein du monde de la recherche, sur la responsabilité de ce secteur à l’égard des défis environnementaux. Pour le COMETS, la prise en compte des impacts environnementaux doit être considérée comme relevant de l’éthique de la recherche, au même titre que le respect de la personne humaine ou de l’animal d’expérimentation, et il est de la responsabilité collective des personnels de recherche de prendre en compte sa dimension environnementale. On le voit, la science est un domaine qui suscite de nombreux débats et controverses. D’un côté, elle représente un outil essentiel pour le développement de la société en permettant des avancées dans tous les domaines, de la médecine à l’énergie. De l’autre côté, elle peut être source de dangers et de conséquences négatives si elle n’est pas utilisée de manière responsable. Comment continuer à investir dans la recherche et promouvoir une utilisation responsable et éthique de la science afin d’en maximiser les avantages pour l’humanité. Réponse le 27 août prochain lors du débat « Quand la science change le monde ». [...]
26 juillet 2024#LaREF24La formation professionnelle et le désamour du politique L’arrivée du gouvernement Attal a signé la fin du ministère chargé de l’enseignement et de la formation professionnelle, dont Carole Grandjean fut la dernière titulaire. Le poste de secrétaire d’État chargé de la formation professionnelle, apparu pour la première fois en 1974, était visible sur tous les organigrammes gouvernementaux jusqu’à la présidence de Nicolas Sarkozy, et encore sur la majorité d’entre eux depuis. La raison de la disparition de ce ministère intrigue. D’autant plus que le Président de la République, Emmanuel Macron, avait affiché dès 2017 son ambition de remettre l’enjeu de la formation professionnelle au centre du débat, avec notamment une démocratisation inédite de l’apprentissage. Mais la valorisation de la formation professionnelle pour les actifs, quels qu’ils soient – salariés, indépendants, chefs d’entreprise ou demandeurs d’emploi – semble sur le carreau. A l’occasion des deux campagnes électorales européennes et législatives qui ont suivi, aucun parti politique ne s’est saisi de cette thématique. On peut déplorer qu’il n’y ait aucune ambition de s’engager pour une politique européenne de la formation professionnelle alors que certains enjeux sectoriels comme l’IA constituent des défis européens et que les compétences sont un facteur d’unification de nos marchés. Pourtant, nous étions en pleine Année européenne de la compétence et durant la PFUE, la France avait affirmé sa volonté de faire avancer l’idée d’un compte européen de formation. Plus encore que la formation professionnelle, c’est finalement l’emploi qui s’est retrouvé absent des débats. Certes, les derniers gouvernements ont fait reculer le chômage comme jamais depuis des décennies, mais l’emploi est un combat de tous les instants dans une économie mondialisée. Si nous baissons la garde sur notre attractivité, nous perdrons le bénéfice des efforts faits ces dernières années. Et si la stabilité du cadre réglementaire et fiscal est importante, la qualification de nos actifs l’est tout autant. De plus, alors que l’augmentation des salaires a été au centre de la campagne législative post dissolution, il est encore plus inquiétant que tout le monde semble avoir oublié que la formation professionnelle était un vecteur d’augmentation de la productivité des salariés et donc de leur salaire. A l’occasion de l’audition pour les élections législatives à l’initiative du Medef, CPME et U2P, aucune force en présence ne s’est démarquée sur ce sujet ni exprimé de vision globale. Tout au plus, le Nouveau Front Populaire a évoqué la formation des seniors pour améliorer leur employabilité, vision importante mais qui n’embrasse qu’une partie des enjeux du secteur. Le Rassemblement national a, pour sa part, pointé du doigt le coût de la formation professionnelle, vision inquiétante. Les programmes ne sont pas plus prolixes et effleurent le sujet : la majorité présidentielle évoquait la formation des détenus, le Nouveau Front Populaire le développement de la formation au sein de la filière du jeu vidéo… La formation professionnelle est pourtant une composante clé permettant le plein emploi, dont les actifs sont aussi demandeurs. Selon le baromètre 2024 de la formation et de l’emploi de Centre Inffo, 41 % des salariés estiment que leur métier évolue très vite et que leurs compétences doivent suivre. La demande ne manque pas puisque 85% des actifs ont déjà ou souhaitent demander une formation auprès de leur entreprise. Elle est aussi une composante clé des gains de salaire pour les employés. Alors que la question des salaires est passée devant celle de l’emploi dans les inquiétudes des français, affirmer une politique forte en matière de développement des compétences, compatible avec la politique de l’offre menée avec succès ces dernières années, aurait pour conséquence une augmentation naturelle des rémunérations. Et c’est plus précisément une politique de la reconnaissance de la compétence dont nous avons besoin, parce qu’en sanctionnant la montée en compétences, la certification permet aux actifs de la valoriser auprès de leur employeur. Or, l’enjeu spécifique de la certification est encore mal identifié, que ce soit par les employés, les employeurs, ou les responsables politiques. Il nous faut enfin pérenniser l’existant. Certes la France doit faire des économies budgétaires, mais le futur Gouvernement devra prendre conscience de l’importance d’investir dans les compétences pour sécuriser l’emploi et renforcer le pouvoir d’achat. Le soutien au Compte Personnel de Formation (CPF), qui est l’une des politiques les plus ambitieuses de la France au cours de cette dernière décennie, ne doit pas faiblir. La formation professionnelle ne peut pas être la variable d’ajustement des déficits publics. Il faudra à la formation professionnelle une vision politique affirmée pour faire face à ces défis : le prochain Gouvernement ne pourra pas faire l’économie d’une incarnation ministérielle pour la formation professionnelle. Christopher SULLIVAN Directeur Général – ICDL FRANCE [...]
24 juillet 2024#LaREF24Que faire de la puissance des mers ? La planète bleue porte bien son nom ! Les océans abritent plus de 71 % de la surface du globe, plus de 90 % des espèces vivantes et représentent 97 % des ressources en eau. Ils nous nourrissent, nous soignent, purifient l’air que nous respirons et régulent le climat. En d’autres termes, ils sont les garants de notre survie. Mais cet écosystème fragile est aujourd’hui menacé par l’action de l’homme : pêche industrielle, utilisation des mers comme décharges de plastiques et de produits chimiques, exploitation pétrolière offshore, réchauffement climatique du fait des émissions de gaz à effet de serre…, on ne compte plus les excès qui sont en train de tuer l’océan. « Les océans sont au cœur de notre destin et de celui de l’humanité », déclarait Emmanuel Macron lors de la journée mondiale de l’Océan en juin 2023. La prochaine conférence des Nations unies pour les océans se tiendra à Nice en juin 2025. L’économie bleue, parce qu’elle représente un potentiel de croissance encore inexploité, suscite des convoitises, mais aussi des controverses. Comment exploiter de manière durable la puissance des océans pour répondre aux besoins de l’humanité tout en préservant l’équilibre écologique des écosystèmes marins ? L’océan, poumon de la planète Grâce au phytoplancton qui produit environ 50 % de l’oxygène que nous respirons, les océans jouent un rôle écologique majeur. Ils constituent aussi l’un des plus grands puits de carbone de la planète, piégeant de grandes quantités de CO2 atmosphérique et contribuant à atténuer les effets du changement climatique. Malheureusement, les océans se sont progressivement acidifiés depuis la révolution industrielle. Partout les récifs coralliens blanchissent, ce qui a un impact direct sur la survie des crustacés, qui agissent pourtant comme des filtres qui absorbent le dioxyde de carbone en excès et nettoient les océans de leurs polluants. A mesure qu’il stocke des quantités croissantes de chaleur et de CO2, l’océan se réchauffe et affecte à son tour le climat. Ce réchauffement entraîne des répercussions concrètes telles que la fonte des calottes polaires et l’augmentation du niveau de la mer. Comme l’explique la glaciologue Heïdi Sevestre, « nos deux grandes calottes polaires contiennent suffisamment de glace pour augmenter le niveau des océans jusqu’à 65 mètres. On sait qu’une élévation d’un mètre est inévitable. Cela peut arriver d’ici les années 2070 dans le pire des cas. On pourrait même atteindre les trois mètres d’élévation du niveau d’ici le début des années 2100, c’est vraiment cataclysmique car un milliard de personnes habitent entre zéro et dix mètres d’altitude ». Pour inverser la tendance, nous devons donc impérativement réduire nos émissions de dioxyde de carbone et abaisser la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Dans son dernier rapport, le GIEC a présenté un ensemble de solutions appelées « développement climatique résilient », afin de protéger et restaurer les écosystèmes, dont les océans. Il en va de la survie de ces derniers… et de la nôtre. Un garde-manger menacé Il y a plus de 3,85 milliards d’années, c’est dans l’océan qu’est apparue la toute première cellule vivante et que la biodiversité a vu le jour et s’est épanouie. L’océan abriterait aujourd’hui plus de 10 millions d’espèces pour la plupart encore inconnues, soit plus de 90 % des espèces vivantes. Beaucoup d’entre elles sont comestibles, ce qui fait de l’océan un garde-manger pour la planète. Les produits de la pêche représentent environ 25 % de la consommation mondiale de protéines animales. Un pourcentage qui monte à 55 % en Asie. Cette importance vitale du poisson est d’autant plus grande qu’une multiplication par deux de la demande est prévue d’ici la fin du siècle. La plupart des espèces de poissons traditionnellement destinées à la consommation sont pourtant d’ores et déjà actuellement exploitées au maximum, quand elles ne sont pas surexploitées, et les stocks mondiaux déclinent. De plus, 20 % des captures mondiales proviennent de la pêche illégale, non déclarée ou non réglementée. La surpêche menace également les grands cétacés de plus en plus nombreux à se prendre dans les filets. Pourtant, selon les spécialistes, la surpêche pourrait bien être le problème de l’océan le plus simple à résoudre et de nombreuses populations de poissons pourraient être restaurées grâce à une application plus stricte des lois régissant les captures et un recours accru à l’aquaculture ou à l’ensemencement océanique. Bien protégé et géré, l’océan pourrait alors assurer en 2050 deux tiers des besoins alimentaires mondiaux de protéines estimés à 500 millions de tonnes. Encore faut-il que l’océan reste un milieu sain, or de très nombreuses espèces marines sont aujourd’hui victimes de la pollution des eaux, notamment par les plastiques. Un océan de plastique Environ 13 millions de tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les océans et sont à l’origine de 80 % des débris flottant en surface ou enfouis en profondeur. La pollution due au plastique est l’un des problèmes majeurs affectant l’environnement marin. Elle accélère directement le changement climatique et menace environ 4000 espèces. Plus de 90 % des oiseaux de mer auraient ainsi des morceaux de plastique dans l’estomac. Les océans contiennent également de gigantesques « continents » de déchets. On estime que le plus grand d’entre eux, baptisé « vortex de déchets du Pacifique nord », s’étend sur une superficie équivalente à trois fois celle de la France. Le plastique contient des produits chimiques dangereux que les poissons ingèrent, poissons que les humains consomment ensuite, avec, à la clé, de nombreux problèmes sanitaires. Si rien n’est fait, le pire est à craindre, car on estime que la production de plastique devrait tripler d’ici 2060. Or, 81 % du plastique produit chaque année devient un déchet qui finit son voyage dans l’océan. A ce rythme, « d’ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan » s’alarment les scientifiques. Heureusement, une prise de conscience s’est amorcée et de nombreuses initiatives ont été prises pour limiter cette pollution plastique. Espérons qu’elles portent rapidement leurs fruits. Une incroyable réserve d’énergie De nombreux projets sont en cours pour évaluer les potentialités énergétiques de l’océan. Aujourd’hui, les énergies marines ne représentent que 0.2 % de l’énergie mondiale. Mais si l’on en croit les estimations de la Commission européenne, en utilisant le mouvement de seulement 0.1 % des vagues dans le monde, on pourrait subvenir aux besoins énergétiques de toute la planète. Les énergies que pourraient fournir l’océan sont toutes des énergies propres. Marées, vagues, courants et même algues. L’océan qui soigne L’utilisation des ressources marines pour se soigner remonte à la plus haute antiquité. Egyptiens et Mésopotamiens se servaient déjà d’extraits d’algues et de mollusques pour leurs vertus. Aujourd’hui, les recherches sur les propriétés médicinales de certains organismes marins se poursuivent dans le monde entier. Les particularités de ces organismes en font une réserve inestimable de voies thérapeutiques : agents anticancéreux, antimicrobiens, antiviraux, anti-inflammatoires, antidiabétiques, antihypertenseurs, anticoagulants, antioxydants…. On estime à quelque 25 000 le nombre de produits d’intérêt pharmacologique ou cosmétique déjà obtenus et ce n’est qu’un début. Les premiers travaux significatifs en chimie des substances naturelles marines sont ceux du professeur Werner Bergmann, en 1951, aujourd’hui, la plupart des molécules d’origine marine en développement clinique sont destinées au traitement des cancers ou à la lutte contre les virus. Le futur de notre santé dépend donc directement de celle de l’océan. La septième nation mondiale Le poids de l’économie bleue, c’est-à-dire les activités économiques qui dépendent de l’utilisation des ressources côtières et marines, a été évaluée à 1.500 milliards de dollars de valeur ajoutée par l’OCDE, soit 2,5 % de la valeur ajoutée brute mondiale. Si l’océan était un pays, il se situerait au 7ème rang mondial devant des pays comme le Brésil ou la Russie. Les océans, c’est 15 % de l’apport calorique mondial. 3.5 milliards de personnes en dépendent pour leur source primaire d’alimentation. 80 % des marchandises vendues dans le monde ont traversé les océans et près de 60 millions de personnes ont un emploi directement lié à l’océan sans compter tous ceux qui en dépendent économiquement. La santé des océans est donc primordiale pour la croissance, or, aujourd’hui, nous l’avons vu, de nombreuses menaces la mettent en péril. La France qui possède le deuxième domaine maritime du monde a incontestablement un rôle majeur à jouer dans les discussions internationales au sujet de la protection des océans. La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan se tiendra d’ailleurs à Nice en juin prochain. Il va, bien sûr, falloir des financements importants pour développer une économie bleue durable, mais les enjeux sous-jacents sont forts, car l’économie bleue permet tout à la fois de stimuler l’innovation, de créer des emplois et de lutter contre le changement climatique. Pendant des siècles, l’humanité a agi comme si mers et océans étaient des ressources inépuisables, capables de nous nourrir et d’absorber tous nos déchets. Il n’en est rien. Comme l’explique Isabelle Autissier, présidente d’honneur du WWF France, « aujourd’hui, nos océans sont à bout de souffle et nous sommes tous concernés. Il est encore temps d’agir pour limiter les pressions pesant sur les océans et inverser la tendance : des solutions existent et nous pouvons ensemble les mettre en œuvre ! ». Lesquelles et comment ? Réponse le mardi 27 août lors du débat « Que faire de la puissance des mers ? [...]
24 juillet 2024#LaREF24Le pouvoir à parité La parité a-t-elle la capacité de transformer fondamentalement les dynamiques de pouvoir et de promouvoir l’égalité des chances pour tous. En garantissant une représentation équitable des hommes et des femmes dans tous les domaines de la société, permet-elle de diversifier les perspectives, d’enrichir les débats et de favoriser des décisions plus éclairées et inclusives ?  Dès son accession au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron avait fait du droit des femmes la grande cause du quinquennat pour une société plus égalitaire et plus juste. Où en sommes-nous aujourd’hui, faut-il aller plus loin, et si oui, comment ? Où en sommes-nous ? Selon un récent rapport de la Banque mondiale, « environ 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas de l’égalité des chances et 178 économies maintiennent des obstacles juridiques qui empêchent leur pleine participation à la vie économique ». Accroître la représentation des femmes dans l’ensemble des sphères de pouvoir implique à la fois de réduire les préjugés à leur égard et de mettre en place de nouvelles normes sociales. Cela demande une mobilisation de toutes les parties prenantes : pouvoirs publics, entreprises, monde de l’éducation, société civile… c’est d’autant plus important qu’une exploration des sphères du pouvoir souligne l’ampleur de ce qui reste à faire. Même au Canada, pays leader en matière d’égalité femme-homme, on constate que depuis les 20 dernières années, aucun progrès notable n’a été réalisé en matière de parité. Selon un rapport de McKinsey Global Institute, il faudra possiblement de 30 à 180 ans pour combler tous les écarts entre les sexes. En France, la situation n’est pas meilleure. Si la loi Copé-Zimmermann a permis à la France de compter 43,2 % de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises, on ne trouve actuellement que trois femmes à la tête d’une entreprise du CAC 40, Catherine MacGregor chez Engie, Christel Heydemann chez Orange et Estelle Brachlianoff chez Veolia. Dans les sociétés non-cotées et les PME, la place des femmes se situe aux alentours de 25 % et les créateurs de startups sont majoritairement des hommes. Tout simplement parce qu’ils rassurent davantage les investisseurs ! Dans la sphère politique c’est pire encore. Deux femmes Premières ministres seulement dans toute l’histoire de la Vème République, 80 % des villes dirigées par des hommes et un recul sensible du nombre de femmes députées lors des dernières législatives avec 36,1 % de femmes seulement parmi les députés, soit une baisse de de 2,7 points par rapport à 2017. Lorsque la parité n’est pas imposée par la loi, la proportion des femmes dans le personnel politique est minoritaire. « Quand on ne légifère pas, on trouve des excuses, quand on légifère, on trouve des femmes », constate Christine Lagarde. A l’échelle mondiale également les femmes sont sous-représentées à tous les niveaux de la vie politique. En juin 2024, on ne comptait ainsi que 18 pays avec une femme chef d’État, et seulement 15 pays avec une femme chef de gouvernement. Un impératif social et un dividende de croissance Pourtant, l’accélération des avancées en matière d’égalité entre les sexes ne constitue pas seulement un impératif social et moral, mais procurerait également un « dividende de croissance ». Un nouveau rapport du McKinsey Global Institute (MGI), intitulé The power of parity: Advancing women’s equality in Canada, montre par exemple qu’en prenant des mesures pour résoudre la question de l’égalité hommes-femmes, le seul Canada pourrait ajouter 150 milliards de dollars à son PIB en 2026, soit une augmentation annuelle de 0,6 %. Au niveau international, ce sont 12 mille milliards de dollars qui pourraient être ajoutés à la croissance mondiale. L’ONU également constate que la présence des femmes dans les processus décisionnaires améliore ces derniers et se traduit par des progrès notables. Par exemple, des recherches sur les panchayats (conseils municipaux) en Inde ont révélé que le nombre de projets d’eau potable dans les régions où les conseils municipaux étaient dirigés par des femmes était supérieur de 62 % à celui des régions où les conseils municipaux étaient dirigés par des hommes. En Norvège, une relation causale directe a été déterminée entre la présence de femmes au sein des conseils municipaux et l’ouverture de garderies. La parité est aujourd’hui reconnue comme une véritable force motrice de la réussite. Les bénéfices de la diversité ne sont donc plus à prouver et ce qui est vrai dans la sphère publique l’est aussi dans les entreprises. L’importance de la diversité en entreprise La parité hommes-femmes n’est pas un simple concept à la mode, mais un impératif stratégique. La recherche a montré que les entreprises ayant une représentation équilibrée des sexes au niveau du conseil d’administration surpassent leurs concurrentes en termes de performance financière, d’innovation et de prise de décision. Ces entreprises sont plus agiles, plus compétitives, plus attractives, plus motivantes pour les équipes et leur politique RSE est meilleure. D’Accenture à l’Oréal en passant par Schneider Electric, de nombreuses entreprises ont d’ores et déjà mis en œuvre avec succès des initiatives de parité au sein de leur conseil d’administration. Sur le plan managérial, la parité diversifie les styles de leadership et renforce la mobilisation des collaborateurs en maximisant leur engagement. Finalement, les entreprises qui promeuvent la parité projettent sur les marchés, une image positive particulièrement en phase avec les attentes des nouvelles générations. Les femmes dirigeantes sont aussi un catalyseur des performances environnementales et sociales. Malgré ces avantages reconnus de la parité des genres au sein des conseils d’administration, il existe encore un déséquilibre important dans de nombreuses entreprises. Comment expliquer cela et comment lever les obstacles ? Préjugés et plafond de verre Plusieurs facteurs expliquent ces faibles chiffres. Les femmes sont confrontées plus que les hommes à des impératifs pratiques comme celui de trouver un équilibre entre leur vie familiale et leur vie professionnelle. « Les femmes ne peuvent pas atteindre une égalité au travail si elles ne sont pas sur un pied d’égalité à la maison, observe Carmen Reinhart, vice-présidente principale et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. Cela signifie qu’il faut uniformiser les règles du jeu et faire en sorte que le fait d’avoir des enfants ne se traduise pas par l’exclusion des femmes d’une pleine participation à l’économie et par des freins à la réalisation de leurs espoirs et de leurs ambitions. » Par ailleurs, les préjugés inconscients, les normes culturelles et les stéréotypes de genre constituent de sérieux obstacles à la réalisation d’une véritable égalité entre les femmes et les hommes. D’après le Baromètre d’opinion de la DREES, réalisé en France métropolitaine en 2020 et 2022, certains stéréotypes de genre restent encore très ancrés, notamment chez les hommes. En particulier ceux concernant de supposées différences d’aptitudes professionnelles entre hommes et femmes. Le baromètre met également en lumière la persistance d’une inégalité forte dans les couples : 54 % des femmes déclarent qu’elles prennent majoritairement elles-mêmes en charge les tâches ménagères (les courses, le ménage et le linge) contre 7 % des hommes. Cet écart entre hommes et femmes est presque aussi élevé concernant les activités consacrées aux enfants (repas, loisirs, éducation) : 46 % des femmes déclarent les faire elles-mêmes, contre 6 % des hommes. Stéréotypes et pratiques domestiques apparaissent corrélés : plus les personnes adhèrent aux stéréotypes de genre, moins elles déclarent un partage égalitaire dans leur couple. Les stéréotypes conduisent également, et ceci dès l’école et la plus tendre enfance, à associer le génie et le talent aux hommes, beaucoup plus souvent qu’aux femmes. Ces clichés découragent les filles d’envisager une carrière prestigieuse, surtout dans les domaines scientifiques. On retrouve également des stéréotypes de genre en entreprise qui conduisent par exemple à percevoir les femmes comme moins compétentes ou moins aptes à occuper des postes de direction et à prendre des décisions. Il est important de comprendre ces stéréotypes afin de pouvoir les combattre. Parité : comment accélérer le mouvement ? On le voit il reste beaucoup à faire pour faire évoluer les mentalités et pour promouvoir partout la parité et l’inclusion. Depuis une vingtaine d’années, les entreprises et l’Etat ont mis en place un certain nombre de mesures et d’actions visant à réduire les inégalités entre les sexes. Pour aller plus loin, une prise de conscience collective est nécessaire, pour déconstruire les stéréotypes genrés véhiculés dès l’enfance et à l’école, mais également pour changer nos comportements au travail et dans la vie privée. La parité, on l’a vu, est un véritable enjeu sociétal, mais aussi une source de performance et de croissance durable. Comment encourager cette prise de conscience à tous les niveaux ? Réponse le 27 août lors du débat « Le pouvoir à parité ». [...]
24 juillet 2024#LaREF24Consommateur producteur : qui a le pouvoir ? L’adage populaire « le client est roi » a-t-il toujours tout son sens ? Comment les décisions des entreprises, les politiques gouvernementales, les conditions économiques et même les pressions sociales influencent-elles les choix et les actions des consommateurs ?  Pour nombre d’observateurs, le XXIe siècle est l’âge d’or du consommateur qui, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, dispose d’un pouvoir sans précédent de comparer d’innombrables offres et d’exprimer sa satisfaction ou son insatisfaction. Pourtant, le marketing ne cesse de son côté de modifier ses techniques pour traquer et cibler tout le monde, tout le temps. Alors, entre le producteur et le consommateur, qui a vraiment le pouvoir et quel rôle jouent le marketing et la publicité dans un monde où les mouvements en faveur d’une consommation responsable et éthique conduisent de plus en plus d’entreprises à modifier leurs pratiques ? L’importance de l’accès à l’information Il fut un temps, pas si lointain, où les producteurs et les marques dominaient la relation commerciale, dictant les tendances et imposant leurs produits. L’accès accru à l’information via les nouvelles technologies a induit un changement de paradigme en créant une société de consommation plus éclairée. Mieux informés donc plus exigeants, les consommateurs sont devenus les acteurs centraux du marché, décidant du succès ou de l’échec des marques. Ces dernières se voient donc contraintes de revoir leur approche, afin de comprendre et de répondre aux besoins de leur public cible en adaptant leurs produits et leurs campagnes publicitaires. Aspirations à consommer autrement, baisse du pouvoir d’achat, défi écologique, plébiscite des produits locaux et des circuits courts… notre modèle de consommation est en profonde mutation et oblige les entreprises à repenser leur modèle économique, pour intégrer les enjeux de responsabilité sociétale et répondre à un monde de plus en plus en quête de sens. Pour les marques, il ne suffit plus de séduire pour vendre leurs produits. Le marketing co-construit Le marketing cherche, par nature, à favoriser la rencontre entre l’offre et la demande. Depuis une dizaine d’années, une nouvelle approche domine : le marketing co-construit, via notamment les communautés de marque qui entraînent un rééquilibrage des rapports de pouvoir entre producteur et consommateur. Via la passion partagée pour une marque culte, comme Nike, Apple ou Harley Davidson par exemple, le personnel des entreprises productrices et les consommateurs deviennent tous membres d’une même tribu, peu importe leur âge, leur condition sociale ou leur nationalité. Cela conduit à l’effacement de la frontière entre consommateur et producteur. Il ne s’agit plus de faire du marketing vers les consommateurs (market to) mais de faire du marketing avec les consommateurs (market with). La co-création de valeur est le processus-clé de cette nouvelle logique marketing qui rallie de plus en plus de supporters dans une approche gagnant-gagnant. Les collaborateurs sont capables de mieux répondre aux demandes des clients en remplaçant le traditionnel discours commercial par un discours émotionnel. Les consommateurs peuvent à leur tour devenir fournisseurs d’idées pour innover. Consommateur et production responsable Les consommateurs accordent désormais une importance grandissante aux marques éthiques et jouent de ce fait un rôle clé dans la production responsable. « Une attente sociétale s’exprime à travers des modes de consommation, analyse Julie Stoll, déléguée générale de Commerce Equitable France. Quand les consommateurs répondent positivement à l’appel des marques éthiques, ils envoient au marché des signaux qui peuvent changer le comportement des industriels ». C’est de ce phénomène que naissent des initiatives comme « C’est qui le patron ? » par exemple, qui reprend les outils du commerce équitable pour assurer des revenus décents aux producteurs de lait. Cette stratégie suppose un équilibre entre les différentes parties prenantes : producteurs, marketing et consommateurs, mais aussi, pouvoirs publics, actionnaires, etc. Le vrai pouvoir du consommateur : le non-achat Dans nos sociétés d’abondance, le vrai pouvoir du consommateur réside moins dans son pouvoir d’achat que dans sa capacité de non-achat. Le véritable cauchemar des marques n’est pas celui d’un consommateur plus exigeant, consommant mieux, mais celui d’une multitude de consommateurs conscients de leur capacité de boycott pour forcer les entreprises à respecter certaines règles économiques, sociales ou environnementales. Le « non-consommateur », qui ne veut plus ou ne peut plus consommer, devient la vraie hantise des producteurs et représente même un danger pour l’économie. D’autant que si le consommateur n’achète pas, personne ne peut le contraindre ou le punir. Son rôle est donc capital. Arbitre final, il a le pouvoir de boycotter des produits, d’en plébisciter d’autres, de créer des systèmes d’achat alternatifs et de faire évoluer toute une filière. Chaque consommateur peut en effet user de son pouvoir économique pour manifester son soutien ou son désaccord vis-à-vis des pratiques des entreprises en achetant ses produits ou en les boycottant. 44 % des Français admettent ainsi tenir compte des engagements de citoyenneté des entreprises lorsqu’ils achètent un produit. Le pouvoir des algorithmes Croire que la consommation détermine désormais la production et que les producteurs établissent leurs programmes en fonction des besoins tels qu’ils se manifestent spontanément sur le marché est toutefois une idée fausse. Si le consommateur a aujourd’hui indéniablement de plus en plus de pouvoir, les producteurs et les marques ne manquent pas d’outils pour s’adapter et garder la capacité d’influencer les choix. Dans les sociétés occidentalisées, une large partie des besoins est suscitée par les producteurs, dont la préoccupation constante est d’orienter la demande en un sens qui leur soit favorable. J.K. Galbraith n’a pas manqué de souligner ce point capital. Parmi ces outils aux mains des producteurs, une place particulière revient aux algorithmes avec lesquels les entreprises suivent et exploitent les données personnelles de leurs clients. Qui n’a pas été surpris de recevoir sur son ordinateur ou son téléphone, des publicités pour des produits ou des services en relation direction avec ses dernières options de recherche sur le Net ? Les algorithmes sont des ensembles d’instructions hautement sophistiqués capables d’apprendre de leur environnement et de prédire les futurs comportements des consommateurs. D’autres outils, comme la veille des médias sociaux, l’écoute active des commentaires clients, les tests de nouveaux produits ou les études de marché, permettent également de mieux appréhender et anticiper les attentes des clients. Le marché de la seconde main a le vent en poupe Un autre phénomène qui impacte profondément les modes de consommation est la montée en puissance du marché de la seconde main et de l’occasion, notamment depuis la crise sanitaire. Quelles que soient les motivations des consommateurs (écologie, économies, accès au luxe…), l’occasion est désormais une véritable tendance de fond qui pèse quelque 8 milliards d’euros en France. De Vinted au BonCoin, en passant par Ebay ou BlackMarket, on ne compte plus les sites qui proposent de vendre ou d’acheter des produits de seconde main. Beaucoup de marques l’ont également compris et lancent de nouveaux concepts, répondant à cette nouvelle tendance. Des secteurs de plus en plus nombreux sont concernés, de la mode à l’électroménager, en passant par l’informatique, les jouets ou le mobilier. Jeter n’est aujourd’hui clairement plus un réflexe. 7 personnes sur 10 achètent désormais des vêtements de seconde main, tandis qu’1 sur 5 a déjà revendu son smartphone. Les championnes de la seconde main sont surtout les familles avec un enfant de moins de 15 ans, puisque 74 % d’entre elles ont intégré cette pratique dans leur mode de consommation. « Le monde et les temps changent », chantait Bob Dylan. Les consommateurs aussi… De passifs, ils sont devenus de plus en plus actifs de leur consommation et disposent du pouvoir absolu de choisir ce qu’ils achètent. Pour autant, les producteurs ne manquent pas de moyens d’influencer leurs choix. Alors, du consommateur ou du producteur, qui a en définitive le plus de pouvoir ?  Réponse le 26 août lors du débat « Consommateur producteur : qui a le pouvoir ? » [...]
22 juillet 2024#LaREF24Le pouvoir vert Aujourd’hui, la protection de la planète n’est plus la spécificité des écologistes.  Etat, entreprise, société civile… tout le monde est concerné par la transition écologique, qui est désormais aussi une transition économique. En revanche, le « comment faire » divise. Les évolutions technologiques suffiront-elles à diminuer suffisamment nos émissions de CO2 ? Qu’en est-il de nos changements de comportements ? La transition écologique peut-elle se résumer à un problème de passage à l’acte ?  Autant de questions autour desquelles les débats font rage. L’irrésistible ascension du pouvoir vert Pas un jour ne se passe sans que les scientifiques n’alertent sur les dangers du dérèglement climatique. Une transition écologique doit donc s’opérer à tous les niveaux pour apporter une solution globale qui permette à la fois de réduire la pollution et de préserver les ressources, d’améliorer la santé, de réduire les déchets, de lutter contre la précarité énergétique et de relancer une croissance verte. Plus personne ne conteste aujourd’hui l’importance d’agir pour sauver la planète. Dans l’ensemble du monde occidental, la montée en puissance de lobbies verts de mieux en mieux organisés oblige les gouvernements à agir. Aux Etats-Unis, où selon l’institut de sondage du Massachusetts, 14 % des Américains sont membres actifs d’organisations pour la défense de l’environnement, le « gorille vert » se montre partout capable de créer ou de faire annuler des lois ; en Europe des mouvements comme Greenpeace ou Friends of the Earth comptent des centaines de milliers de membres actifs et le monde des affaires constate partout que les revendications des Verts finissent par trouver un écho chez le législateur. Les consommateurs aussi se mettent de plus en plus au vert et les entreprises font de leur engagement en faveur de la transition écologique un argument concurrentiel. Au niveau politique, on assiste également à la montée en puissance de dirigeants écologistes, tant au niveau national qu’au niveau européen. Réussir la transition écologique est donc devenu le défi du siècle, mais comment faire ? Comment jeter les bases d’autres modes de production et de consommation ? Comment prendre vraiment un tournant écologique au-delà des promesses et des vœux pieux ? Le rôle de l’Europe Lors de la dernière campagne des élections européennes, le « Green Deal », cet ensemble de politiques recouvrant la décarbonation de l’industrie, les énergies, la lutte contre le changement climatique, l’agriculture et l’alimentation et la protection de la biodiversité, décidé par la commission d’Ursula Von der Leyen, a été beaucoup critiqué, crise agricole aidant, mais il ne devrait toutefois pas être remis en cause lors de la prochaine législature. Il vise à rendre l’Europe neutre pour le climat d’ici à 2050, à stimuler l’économie grâce aux technologies vertes, à créer une industrie et des transports durables et à réduire la pollution. Il s’agit de transformer les défis climatiques et environnementaux en opportunités pour rendre la transition juste et inclusive pour tous. La Commission européenne aide ainsi les États membres de l’UE à concevoir et à mettre en œuvre des réformes qui soutiennent la transition écologique et contribuent à réaliser les objectifs du pacte vert pour l’Europe. Tous les États membres doivent contribuer à cette transition. Toutefois, l’ampleur du défi n’est pas la même pour tous, certains Etats étant encore très dépendants des énergies fossiles. La Commission promet donc un accompagnement adapté pour une transition juste. Le rôle de l’Etat : l’exemple français La France porte un agenda ambitieux en matière de lutte contre le dérèglement climatique, avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, pour atteindre la neutralité climatique en 2050, et être l’un des premiers pays industrialisés à sortir des énergies fossiles.  « L’écologie à la française » repose sur la création d’un haut conseil pour le climat qui éclaire les décisions publiques ; sur la souveraineté énergétique visant à produire sur notre sol l’énergie que nous consommons et à remplacer les fossiles importés par le nucléaire et les énergies renouvelables ; sur une production verte pour l’agriculture et l’industrie ; sur un investissement dans les technologies du futur ; et sur une écologie juste avec des aides pour aider les plus modestes à s’adapter. La loi climat et résilience du 22 août 2021 a pour objectif d’ancrer l’écologie dans le cœur de la société française et touche tous les domaines : création de RER métropolitains, interdiction de la vente de véhicules thermiques après 2035, interdiction des vols domestiques quand il est possible de prendre le train, rénovation des bâtiments privés et publics, etc. Le gouvernement français s’est également fortement engagé pour la préservation de notre biodiversité, autre enjeu majeur de la transition écologique, pour la lutte contre la pollution plastique et pour la réduction de la consommation d’eau. Enfin, des mesures concrètes en faveur de l’économie circulaires ont été prises, comme l’interdiction de la destruction des invendus ou encore la fin de l’impression systématique des tickets de caisse et l’incitation à réparer ou à recycler les objets tels que les téléphones, les ordinateurs ou l’électroménager. L’Etat français agit également au niveau international, car il revient aux pays les plus développés de montrer l’exemple. C’est dans cet esprit qu’ils se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir la transition climatique dans les pays les plus vulnérables. La France est à la hauteur de cet engagement, puisqu’elle mobilise plus de 6 milliards d’euros de finance climat par an. La France continue par ailleurs d’intensifier ses échanges avec les grands émergents comme la Chine et l’Inde sur les sujets environnementaux.  Elle s’engage aussi dans la protection de l’océan, espace qui souffre le plus du réchauffement climatique. C’est ainsi que notre pays accueillera en juin 2025 la 3ème conférence des Nations unies sur l’Océan. Le rôle des citoyens Et au niveau individuel, que peuvent faire les citoyens et comment encourager les changements de comportements ? Malgré la prise de conscience croissante de l’importance de la transition écologique, l’engagement citoyen semble s’éroder, notamment en France. Une récente enquête Ipsos montre que si en 2021, 75 % des Français pensaient que ne pas agir contre le changement climatique serait une dérogation à leurs devoirs envers les générations futures, cette préoccupation collective a chuté à 62 % en 2024 et 31 % des 25-35 ans estiment même qu’il est inutile de changer leur comportement quotidien, car cela n’aurait aucune incidence. Toujours selon cette enquête, il semble y avoir une déconnexion entre la réalité scientifique et la perception du public sur les actions les plus efficaces pour réduire l’empreinte carbone. Ainsi, seuls 12 % des Français identifient le fait de vivre sans voiture comme l’une des actions à l’impact le plus important. Il reste donc beaucoup à faire en termes d’information et de sensibilisation. Pour encourager les citoyens à adopter des comportements plus vertueux, 36 % des Français plébiscitent les incitations financières, comme les réductions d’impôts sur les achats écoresponsables. Enfin, l’étude met en lumière l’importance de positiver le discours plutôt que de se concentrer sur les efforts et les sacrifices nécessaires. Associations, pouvoirs publics, médias, entreprises… tous ont un rôle à jouer pour mieux mobiliser le grand public. Le rôle des technologies Comment produire au service de l’environnement ? Quelles évolutions technologiques mettre en œuvre ? Deux procédés permettent de réduire les impacts environnementaux issus de la production, les technologies ajoutées (end of pipe) ou les technologies intégrées (cleaner production). Les premières, sont conçues pour réduire les émissions de substances nocives. Elles reposent sur des installations et des équipements conçus pour lutter contre la pollution et ne sont pas directement liées au processus de production. Les installations pour l’élimination des déchets, les stations d’épuration des eaux usées ou encore les absorbeurs acoustiques en sont des exemples types. Les secondes permettent directement des méthodes de production plus propres. Elles réduisent les effets négatifs sur l’environnement à la source, en substituant des technologies plus propres à des technologies moins propres ou en modifiant ces dernières. Leur mise en place est malheureusement souvent entravée par des problèmes de coûts ou d’inadéquation des compétences pour les mettre en œuvre. Quoi qu’il en soi, les nouvelles technologies au service de l’environnement vont de pair avec le développement de nouveaux modèles économiques d’entreprise et le renforcement de logiques d’économie circulaire. Pour les entreprises et pour les pays, développer massivement des technologies environnementales peut déboucher sur un avantage concurrentiel à l’échelle internationale. Par exemple, la Chine inonde aujourd’hui le marché mondial de ses panneaux photovoltaïques et détient le quasi-monopole de la production de batteries au lithium, indispensables aux véhicules électriques. Une récente étude de Rexecode précise par ailleurs qu’il faudra aux entreprises françaises investir 40 millions d’euros par an pour décarboner leur activité. On le voit, si la transition écologique fait aujourd’hui l’objet d’un très large consensus, la façon de la mettre en œuvre, n’est pas envisagée de la même manière par tout le monde. D’un côté, les partisans de la décroissance incitent à privilégier des positions survivalistes pour faire face au changement climatique, de l’autre, les optimistes considèrent au contraire que l’on finira par s’adapter et par trouver des solutions, notamment grâce au progrès technique et que la transition écologique est porteuse d’opportunités pour l’emploi et pour la croissance. Qu’en est-il vraiment et comment vraiment passer à l’action à tous les niveaux pour relever ce défi du siècle ? Réponse le 26 août prochain lors du débat « Le pouvoir vert, le pouvoir de faire ». [...]
15 juillet 2024#LaREF24Le vrai pouvoir des marchés « Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne ». Ces mots prononcés lors du discours du Bourget par François Hollande (janvier 2012) n’ont jamais été autant d’actualité. L’histoire récente montre qu’à chaque fois que les partis extrêmes ont voulu renverser la table, en indiquant par exemple vouloir tourner le dos aux institutions et/ou aux créanciers, ils ont été rappelés à un principe de réalité, dicté par les marchés. Les spreads font-ils la loi ?  Et quelle est la véritable emprise des marchés sur le politique ? L’économie de marché : un modèle universel Alors que dans de nombreux pays s’opposent avec une rare violence, partisans et détracteurs de l’économie de marché, cette dernière est aujourd’hui une réalité universelle sans concurrence. Même les rares pays qui se réclament encore du communisme, Chine en tête, sont convertis. C’est sans aucun doute ce qui, au fil des ans, a permis à un nombre grandissant d’êtres humains de sortir de la pauvreté et de bénéficier de la croissance. Mais ce succès de l’économie de marché est souvent mal ressenti par les opinions publiques, car il conduit les entreprises à délocaliser leurs productions dans les économies émergentes pour bénéficier de coûts de production plus faibles, et de ce fait à détruire des emplois dans les pays les plus riches. Quant à la puissance publique, elle se voit souvent contrainte de déréglementer et de réformer pour permettre le libre jeu de la concurrence. En période de tension et de crise économique, cela conduit inéluctablement à un repli sur soi et à des tentations isolationnistes et protectionnistes de la part des opinions publiques, avec les résultats que l’on connaît : montée des populismes et progression des extrêmes. Pour autant, les Etats sont-ils condamnés à l’impuissance ? Etats vs marchés La question des relations entre politique et marchés interroge. Pour les uns, les marchés doivent être soumis au pouvoir politique, seul garant de l’intérêt général. Pour les autres, ils doivent disposer de libertés suffisantes pour fonctionner de façon optimale. Avant l’essor des marchés, les relations économiques étaient largement dans la main du pouvoir politique. Le marché a permis de libérer les acteurs économiques de cet assujettissement. La liberté économique est allée de pair avec la liberté politique. « La transition vers l’économie de marché a été longue, difficile et douloureuse, mais elle a permis un accroissement du niveau de vie sans précédent dans l’histoire », notait, en 2020, Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, citant l’économiste Angus Deaton. Mais les crises économiques ont aussi conduit les États à intervenir de plus en plus significativement sur les marchés et le pouvoir politique dispose de toute une série de moyens pour agir sur eux lorsqu’il considère que leur fonctionnement ne correspond pas à ses attentes. Au nom de l’intérêt général, il peut légiférer, subventionner, nationaliser… Certes la régulation de l’Etat est nécessaire pour éviter qu’oligarques et oligopoles ne dictent leurs propres lois, mais trop de régulation serait tout aussi nocif. C’est la raison pour laquelle les marchés réagissent immédiatement s’ils considèrent qu’une nouvelle donne politique pourrait leur nuire et entraver les échanges. Pour autant, le marché a-t-il vraiment du pouvoir ? Pour Denis Kessler, « si le marché a du pouvoir, cela signifie qu’il ne fonctionne pas correctement. Pour qu’il produise tous ses effets bénéfiques, il ne doit intrinsèquement pas avoir de pouvoir ! » D’où l’importance, selon lui, d’un marché « atomisé », avec beaucoup de producteurs et de consommateurs, sans monopole ou oligopole, et d’où l’importance d’assurer une concurrence loyale, ce qui relève une fois encore du régalien. Comme dans le sport, la concurrence est un stimulant qui incite les entreprises à se dépasser, favorisant ainsi l’innovation, la diversité de l’offre et des prix attractifs pour les consommateurs. Entre marché et Etat, un cercle vertueux doit donc fonctionner, mais cela implique que le marché soit et reste ouvert. « Les marchés fonctionnent d’autant mieux, soulignait encore Denis Kessler, s’ils opèrent dans un cadre politique démocratique. Une hypertrophie de la sphère publique limite l’efficacité des marchés. Inversement, une sphère publique insuffisante et inefficace a également un effet négatif sur leur bon fonctionnement ». Si le marché n’a intrinsèquement pas de réel pouvoir, en revanche, certains de ses acteurs ont une puissance telle qu’ils peuvent influer sur les pouvoirs publics pour que ces derniers prennent des mesures favorables à leurs intérêts particuliers. Certains acteurs du marché ont en effet atteint une taille telle que leur pouvoir économique et financier peut dépasser celui des Etats. C’est notamment le cas des GAFAS, d’où l’importance pour les Etats de s’accorder pour mettre en place des réglementations internationales à même de contrôler leur puissance. L’économie de marché impose également aux Etats d’être compétitifs, car ils se retrouvent eux-mêmes en concurrence, ce qui les oblige à mettre en œuvre des réformes structurelles souvent mal comprises de l’opinion publique… il suffit de voir en France l’éternel débat autour de la question des retraites. Mal vécues par une partie significative de la population, ces réformes et leurs conséquences, ont été imputées à l’exigence des marchés, avec en réaction un rejet de l’Europe et de la mondialisation et un retour en force du populisme. « Les marchés sont devenus les boucs-émissaires des difficultés que les pays en mal de réforme peuvent rencontrer ». Le poids de la dette et des marchés financiers La fuite en avant des déficits budgétaires et le gonflement de la dette publique, financée par des investisseurs nationaux et étrangers, contribuent également à l’augmentation du pouvoir des marchés financiers vis-à-vis des Etats. Si les marchés financiers perdent la confiance et que les prêteurs cessent de prêter, un Etat peut en effet se retrouver en faillite ou à tout le moins nécessiter l’intervention du FMI qui imposera en échange des réformes structurelles drastiques. On se souvient du cas de la Grèce. Ces mouvements de marché négatifs peuvent se traduire par une forte augmentation des taux d’intérêt, une chute de la bourse, une contraction des investissements, etc. Ces réactions des marchés financiers conduisent certaines forces politiques à considérer que ce sont eux qui ont le pouvoir. Mais n’est-il pas normal que les marchés et les investisseurs réagissent à ce qui pourrait leur nuire ? Les gouvernants n’accusent-ils pas les marchés afin d’éviter de reconnaître leurs propres erreurs ? La confiance en un État et en sa politique économique ne se décrète pas, elle se mérite. Alors que traditionnellement l’État surveillait les marchés, leur fonctionnement et leur évolution, ce sont désormais les États qui sont surveillés ! Un dérapage des finances publiques, une erreur de politique économique, une instabilité politique… entraînent des réactions de plus en plus vives et immédiates des marchés de plus en plus sensibles à la chose publique. Ils jouent désormais un rôle de contrôle renforcé sur les gouvernements et les administrations. Les opinions sont partagées sur ce nouveau rôle des marchés. Certaines s’en réjouissent, d’autres, au contraire, le regrettent, car selon elles, « la politique d’un pays ne doit pas se faire à la corbeille ».  La relation entre le politique et l’économique est l’une des questions les plus complexes qui soit. Les relations État-marché ne sont jamais stables mais toujours en évolution. État et marché sont entrés dans une ère d’interactions multiples dynamiques. Comment faire pour que ces interactions soient créatrices de valeurs pour la collectivité tout entière et pour que le pouvoir de l’un ne vienne pas empêcher l’autre de fonctionner efficacement ? Réponse le 26 août lors de la conversation « Le vrai pouvoir des marchés ». [...]
15 juillet 2024#LaREF24La nouvelle carte des pouvoirs Près de la moitié de la population mondiale, et 55 % du PIB mondial, ont été ou seront concernés par des élections cruciales en 2024. Une trentaine de pays ont ou vont désigner leur président, tandis que dans 20 pays sont également prévues des élections parlementaires. Tout cela dans un contexte international extrêmement troublé, avec le conflit russo-ukrainien, les tensions entre la Chine et Taïwan, la guerre entre Israël et le Hamas et plus largement un possible embrasement du Proche-Orient. Si les populistes sont arrivés en tête dans bon nombre de pays européens comme les Pays-Bas ou la Slovaquie, d’un autre côté on note le retour des travaillistes au Royaume-Uni, l’élection d’un président « réformateur » à la tête de l’Iran et une résistance en France, après la nouvelle poussée du Rassemblement national (RN) aux élections européennes et législatives. Tous les regards vont désormais se tourner vers les Etats-Unis à l’automne, où face à un Joe Biden affaibli, le retour de Donald Trump semble une probabilité forte. Les cartes du pouvoir risquent donc d’être profondément rebattues sur la scène internationale. Dans ce contexte pour le moins troublé, à quoi faut-il s’attendre ? 2024, une année charnière 2024 sera incontestablement une année charnière sur le plan géopolitique et la Coface alerte sur les risques politiques et sociaux que cela pourrait engendrer sur fond de montée des populismes de l’Inde au Mexique, en passant par l’Autriche, la Tunisie, l’Indonésie ou le Salvador. Pour la Coface, trois risques sont particulièrement à surveiller : les incertitudes politiques avec partout un sentiment d’hostilité grandissant vis-à-vis des pouvoirs en place. Il suffit de regarder ce qui se passe en France, où après l’annonce de la dissolution au soir des élections européennes, le rejet massif du président de la République et de son camp se sont confirmés dans les urnes. Des troubles sociaux sont également à redouter dans un contexte inflationniste qui semble difficile à maîtriser. Enfin, les tensions géopolitiques ne cessent de s’accroître avec une fracture grandissante entre les différents blocs et une profonde remise en cause des modèles occidentaux. La recomposition du monde semble donc s’accélérer et dans ce contexte les résultats de certaines élections prennent une importance singulière. Vers quelle nouvelle donne géopolitique ? Va-t-on vers un nouvel ordre mondial qui va mettre fin à l’unilatéralisme occidental qui continue de s’effriter ? Xi Jinping ne cesse de vanter l’influence croissante de Pékin sur la scène diplomatique internationale, mais la Chine et la Russie forment-elles vraiment un nouveau centre de décision ?  Selon certains observateurs, Chine et Russie ont « l’obligation de se serrer les coudes tant qu’existera l’actuelle conception géopolitique du monde, car l’une a besoin de l’autre afin de faire face aux pressions et sanctions occidentales ». Chine et Russie sont également à l’origine de la création des BRICS, qui défendent un ordre mondial multipolaire économique et politique et qui cette année vont s’élargir à de nouveaux pays avec l’intention de créer un nouvel ordre mondial. Quoi qu’il en soit, le nouvel ordre international rêvé après la chute du mur en 1989 semble bel et bien mort et les organisations internationales comme l’ONU sont en panne, même si l’OTAN à la faveur de la guerre en Ukraine est en train de se restructurer. S’il est encore loin d’être un véritable bloc, le regroupement d’émergents, derrière la Chine et la Russie, est devenu une réalité stratégique avec par exemple des partenariats notables en matière d’armements. Et l’Europe dans tout cela ? Confrontée à la nouvelle violence du monde, l’Europe doit, malgré elle, faire face à un retour de la guerre sur son sol et à des risques géostratégiques mondiaux. L’invasion de l’Ukraine a malheureusement montré les limites du « doux commerce », cher à Montesquieu. Lorsqu’elle a pris ses fonctions en 2019, Ursula von der Leyen affirmait vouloir diriger une Commission « géopolitique ». Le contexte mondial a poussé la Commission et l’Union européenne dans cette direction et conduit l’Europe à s’affirmer, à défendre ses valeurs et sa singularité. La guerre en Ukraine a notamment conduit à une montée en puissance des questions de défense à l’échelle européenne, même si on est encore loin de l’émergence d’une véritable Europe de la défense. Depuis l’invasion russe, les Etats membres de l’UE ont toutefois fortement augmenté leur budget militaire et ainsi musclé leur sécurité collective. La guerre en Ukraine a également conduit à une accélération du processus d’élargissement : Ukraine, Moldavie, Géorgie ont ainsi déposé leur candidature. Ce mouvement vers l’intégration de ces trois pays a été accompagné par une relance de l’élargissement dans les Balkans. Au-delà du conflit russo-ukrainien, d’autres zones de tension dans le monde entraînent des conséquences directes pour les pays européens, qui n’étaient pas prêts pour cette nouvelle donne à laquelle vont devoir faire face les députés élus en juin dernier. L’Union européenne est en effet à la croisée des chemins. Va-t-elle se donner les moyens de s’affirmer comme acteur majeur ?  Comme se le demande Agathe Demarais de l’Institut Montaigne : « il y a clairement deux blocs, un américain, un chinois et ses alliés avec la Russie. Est-ce que l’Europe va devenir un troisième bloc ou pas, ou est ce qu’elle restera alignée sur les Américains ? » Quelle place pour l’Afrique ? Dans ce nouveau contexte, l’Afrique émerge à nouveau comme un espace majeur de compétition stratégique, attirant les grandes puissances. Les occidentaux sont désormais loin d’être les seuls à se partager les territoires d’influence sur le continent africain, ils doivent de plus en plus rivaliser avec de nouveaux acteurs, tels que la Chine et la Russie qui ont l’avantage de ne pas avoir de passé colonial. Si la Russie axe ses relations avec les États africains beaucoup plus sur des stratégies militaires et sécuritaires que sur des activités économiques – elle est devenue le premier marchand d’armes du continent africain -, la Chine, quant à elle, opte plutôt pour une stratégie économique à travers la matérialisation du pharaonique projet de « la nouvelle route de la Soie » lancée dès 2013. Elle est ainsi devenue depuis quelques années le premier partenaire commercial de l’Afrique, devant les Etats-Unis et l’Union Européenne. Quant à l’UE, il lui faut désormais trouver un nouvel équilibre avec le continent. A la clé figure notamment un programme d’investissement de 150 milliards d’euros en Afrique d’ici à 2030, dans le domaine des infrastructures en particulier. Mais en dépit de ces perspectives, les relations entre Européens et Africains sont loin d’être au beau fixe. Le poids de l’élection américaine Le monde retient déjà son souffle. L’élection présidentielle américaine du 5 novembre prochain sera sans aucun doute une date clé de l’année 2024. L’hypothèse d’une victoire de Trump devient de plus en plus probable, notamment après les interrogations sur l’état de santé de Joe Biden et sa capacité à gouverner quatre ans de plus. Si un retour de Trump se concrétise, les États-Unis pourraient modifier profondément leurs priorités internationales et en premier lieu leur soutien à l’Ukraine et leurs relations avec l’Europe. Les choix faits par la première puissance du monde seront d’autant plus importants que les rapports de force géopolitiques changent très rapidement, avec l’émergence de ce qu’il convient désormais d’appeler le Sud global. Trump numéro 2 risque fort de déconstruire tout ce que l’administration Biden a construit en quatre ans sur la scène internationale. Les Européens auraient en particulier beaucoup à perdre d’un retour de Trump, et l’autonomie stratégique de l’Europe deviendra dès lors une priorité à laquelle il faut très vite se préparer. Géopolitique et entreprises : naviguer dans un monde multipolaire Les événements géopolitiques ont d’importants impacts sur les entreprises qui doivent de plus en plus apprendre à naviguer dans un monde multipolaire et composer avec l’interventionnisme économique des pouvoirs en place. Elles doivent aussi tout mettre en œuvre pour réduire au mieux les tensions et les risques sur les chaînes mondiales d’approvisionnement. Pour cela, il est essentiel que les entreprises intègrent les considérations géopolitiques dans leurs stratégies et surtout qu’elles en inventent de nouvelles. Elles ne peuvent en effet plus aujourd’hui se tenir à l’écart des enjeux géopolitiques et doivent en analyser et en prévoir les risques pour leur activité. Le poids démographique, économique et politique des pays à haut revenu recule au profit de l’Asie et des pays émergents, changeant les rapports de force internationaux. Pour le Financial Times, 2024 est déjà considérée comme l’année test de la démocratie. « Il serait encourageant de penser que 2024 entrera dans l’histoire comme un jalon sur le long chemin de la démocratie, depuis ses débuts sur les places animées d’Athènes jusqu’à un monde plus juste et plus équitable. Mais cela semble peu probable », écrit le FT. L’humanité vit un moment de rupture entre un ancien modèle né de la deuxième guerre mondiale et un modèle en devenir dont les contours ne sont pas clairs et semblent échapper à tous. On semble hélas être entré dans un monde sans règle, où tout semble permis à celui qui détient la force. Un monde où les liens et les alliances se nouent et se dénouent rapidement, avec un occident décrédibilisé et partout une méfiance vis-à-vis du politique incapable d’apporter les réponses attendues par le peuple. « On est passé dans une multipolarité désordonnée où tout est une arme : l’énergie, les données, les infrastructures, les migrations », estimait en décembre dernier Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Alors in fine, qui dirigera le monde à l’issue de cette année ? Le 26 août prochain, les intervenants de la plénière « La nouvelle carte des pouvoirs » tenteront de trouver des réponses. [...]
9 juillet 2024#LaREF24Comment venir à La REF ? TAXI Pour gérer au mieux les demandes de taxi, une antenne G7 est mise en place à l’entrée de l’hippodrome. Deux coordinateurs organisent la venue des voitures et supervisent le fonctionnement de l’antenne taxi G7. • Lundi 26 août : 9h00 – minuit • Mardi 27 août : 9h00 – 20h00 BUS 244 – Les Moulins-Camping241 – Hippodrome de Longchamp MÉTRO Ligne 1 – Station Porte Maillot RER Ligne C – Station Porte MaillotLigne E – Station Porte Maillot EN VOITURE > Depuis le nord de ParisSortie « Porte Maillot » puis prendre la direction de Longchamp > Depuis le sud de ParisSortie « Porte Molitor », boulevard d’Auteuil puis boulevard Anatole France > Depuis le centre de ParisSortie « Porte d’Auteuil », avenue de la Porte d’Auteuil puis boulevard Anatole France NAVETTES Lundi 26 août 2024 de 8h00 à minuitMardi 27 août 2024 de 8h00 à 21h00 > Depuis la porte MaillotRotation toutes les 30mn de 2 navettes entre la Porte Maillot et l’entrée principale de l’hippodrome de ParisLongchamp Prise en charge au 1 route de la Porte des Sablons, au niveau du Pavillon Petit train Gare de la Porte MaillotMétro ligne 1 : Porte Maillot, sortie André Maurois > Depuis la porte d’AuteuilRotation toutes les 30mn entre la Porte d’Auteuil et l’entrée principale de l’hippodrome de ParisLongchampPrise en charge Place de la Porte d’Auteuil, devant l’entrée A de l’hippodrome d’AuteuilMétro ligne 10 : Porte d’Auteuil, sortie 2 Hippodrome [...]
5 juillet 2024#LaREF24Bienvenue sur l’antenne de la Radio des entrepreneurs de France ! Cette année encore, nous innovons et vous pourrez vivre une nouvelle expérience inédite au sein du Village des Adhérents. PodMédias, marque de l’agence Wacan, installe son studio et ouvre les micros pendant toute la durée de la REF. Laure et Frédéric vous invitent à un voyage sonore inédit où, ce sont les participants à la REF qui viendront raconter leurs histoires d’entrepreneurs. Ce studio radio et podcast rassemblera les entrepreneurs de France dans un esprit de convivialité afin d’échanger et s’interroger sur le monde en transitions. PodMédias est créateur de podcasts et de webradios pour les entreprises et les collectivités territoriales, et vous accompagnera en direct de la REF pendant 10 heures cumulées d’antenne live, compris d’interviews et d’annonces sur l’évènement. A raison de 5 interviews par heure, soit une cinquantaine au total, toutes seront diffusées en direct sur le site internet, l’application et une webradio dédiée. Cette nouveauté permettra à tous de s’immerger dans l’univers de la REF d’une toute nouvelle manière, que ce soit le jour même ou ultérieurement pour revivre ses temps forts. Profitez des bonnes ondes de la REF en suivant en direct la Radio des Entrepreneurs de France à partir de 15h30 le lundi 26 août ! [...]
29 juin 2024#LaREF24En direct de la REF : supportez nos athlètes ! Ne passez pas à côté des opportunités qu’offrent les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 pour vos entreprises ! Plongez dans l’exceptionnel et venez assister aux plus grands exploits sportifs, grâce au programme officiel d’Hospitalités de Paris 2024. Nos packages exclusifs vous plongent au cœur de l’action olympique avec les meilleures places garanties sur la session sportive de votre choix, combinées à une expérience d’hospitalité inédite. Profitez de nos expériences d’hospitalités exceptionnelles pour transformer cet événement international majeur en une opportunité pour votre entreprise.​ ► NOUEZ ​DES RELATIONS FORTES Quel meilleur endroit pour entretenir votre réseau que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ? ► IMPRESSIONNEZ​ VOS PARTENAIRES Notre gamme d’expériences d’hospitalités exclusives propose de multiples options pour impressionner vos clients ou prospects et faire la différence face à vos concurrents. ► RÉCOMPENSEZ VOS COLLABORATEURS Nos espaces exclusifs sont à votre disposition pour récompenser ceux qui comptent le plus pour vous dans des environnements détendus et inspirants. On Location partenaire de la REF 2024, vous permet de bénéficier d’un contact dédié au sein des équipes On Location pour toutes vos demandes relatives aux Jeux Olympiques et aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.N’hésitez pas à contacter Maxime Colpin – O6 31 63 01 55 – mcolpin@onlocationexp.com [...]

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