12H00-13H00 : Vivres pour vivre – La faim et les moyens

Deuxièmee demi-journée : mardi 30 août

Après les bombes, la crise alimentaire à nos portes. La guerre en Ukraine a mis à feu et à sang le grenier à céréales de la planète et nombre d’observateurs redoutent une crise alimentaire de grande ampleur, Antonio Guterres allant jusqu’à prédire « un ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial ». Certes, un accord a été signé fin juillet dernier sous l’égide de l’ONU et de la Turquie pour permettre la reprise des exportations de céréales ukrainiennes, mais il semble encore bien fragile et demande à faire ses preuves.

La guerre a également jeté une lumière crue sur l’érosion de la souveraineté alimentaire européenne. L’UE importe plus de 40 % de son maïs, 70 % de son huile de tournesol, 30 % de ses engrais. Surtout, le cours du blé s’est mis à flamber, accélérant un peu le mouvement inflationniste. La souveraineté alimentaire de l’Union a toujours revêtu une importance géostratégique pour les États membres depuis la mise en place de la politique agricole commune par les pères fondateurs. Dans ce nouveau contexte, comment la garantir ?

Une récente résolution européenne demande, au regard de la guerre en Ukraine, de réorienter la stratégie agricole européenne découlant du « pacte vert » pour assurer l’autonomie alimentaire de l’Union européenne. Selon cette résolution, le conflit russo-ukrainien impose un changement de paradigme et « toute diminution forte de la production agricole européenne, serait tout à fait inopportune et placerait l’Union européenne à contre-courant des autres puissances agricoles, renchérirait les prix des produits agricoles, et serait inéluctablement compensée à due concurrence par des importations de substitution extra-européennes ».

Dans ce contexte, que deviennent les engagements environnementaux de la stratégie dite « de la ferme à la fourchette », déclinaison agricole du « pacte vert » européen, qui prévoit de mettre fin aux émissions nettes de gaz à effet de serre de l’Union européenne d’ici à 2050, en réduisant de moitié l’usage de pesticides et de 20 % l’usage d’engrais à l’horizon 2030 ? Ils semblent bel et bien menacés, car « l’Europe ne peut se permettre de produire moins », comme l’a déclaré le président de la République lui-même.

L’Europe n’est-elle pas prise en étau entre durabilité et souveraineté alimentaire ? Comment concilier la nécessaire transition écologique de l’agriculture européenne tout en garantissant notre souveraineté alimentaire à moyen et long terme ? Comment consolider notre potentiel agricole pour nourrir les Européens et le monde dans les années à venir ? Quels chantiers faut-il ouvrir ? Réponse le 30 août prochain lors du débat « Vivres pour vivre – La faim et les moyens ».