18H00-19H00 : Eviter la panne – L’énergie à tout prix ?
Première demi-journée : lundi 29 août
La guerre en Ukraine a mis en exergue l’extrême dépendance des économies européennes vis-à-vis du pétrole et surtout du gaz russe. Une arme que Vladimir Poutine n’hésite pas à brandir, soufflant le chaud et le froid au gré de ses succès ou de ses déboires militaires. Il est vrai que près de la moitié du gaz importé dans l’Union européenne provient des champs russes. En raison de cette dépendance, notamment pour nos voisins allemands, on assiste à un nouveau choc énergétique avec une flambée des prix, aux conséquences hyper-inflationnistes pour les ménages et pour les entreprises. Quand on n’a plus de pétrole ou de gaz, on doit plus que jamais avoir des idées ! Comment retrouver sa propre énergie ? Comment reprendre en main notre destin énergétique, tout en continuant de respecter les enjeux cruciaux du réchauffement climatique ?
Le 10 février dernier, avant l’offensive russe, Emmanuel Macron détaillait les orientations de la politique énergétique française à l’horizon 2030 : « une France plus écologique, plus souveraine et créatrice de pouvoir d’achat grâce à la réindustrialisation du pays. Une France qui devait être le premier grand pays à sortir de la dépendance aux énergies fossiles ». La guerre est venue rebattre les cartes et aujourd’hui nous sommes en plein paradoxe, allant jusqu’à envisager de rouvrir la centrale à charbon de Saint-Avold pour tenter d’éviter la panne l’hiver prochain.
L’Europe peut-elle vraiment se passer du gaz russe et surtout est-elle prête à en payer le prix ? Dès mars dernier, la Commission, par la voix de sa présidente Ursula von der Leyen, a proposé un plan baptisé REPowerEU, visant à affranchir l’Union de sa dépendance au gaz russe d’ici à 2027. Ce plan repose sur trois piliers : diversifier l’approvisionnement en gaz ; réduire l’utilisation des combustibles fossiles en renforçant les économies d’énergie, tant au niveau des entreprises que des citoyens ; développer massivement les énergies renouvelables. Pour financer ces réformes ambitieuses, l’UE a prévu de mobiliser quelque 300 milliards d’euros.
Mais pour les citoyens européens qui ne cessent de voir les prix grimper et qui redoutent de manquer d’énergie cet hiver, 2027 c’est loin. Sur fond d’instabilité politique et de menace un peu partout de montée des extrêmes, des mesures d’urgences se sont donc imposées pour alléger la facture et assurer la régulation, au moins temporaire, des prix. Certes, l’Union a des réserves, mais elles ne sont pas inépuisables ! Ces mesures d’urgence suffiront-elles ?
Bruno Le Maire a affirmé récemment qu’il était temps « d’anticiper les conséquences d’une possible rupture d’approvisionnement en gaz russe » et que cela pourrait passer par des restrictions sur la consommation. Il a également appelé tous les Français à « être vigilants sur leur consommation d’énergie ». Thème repris par Emmanuel Macron dans son allocution du 14 juillet, quand il a appelé les Français à « consommer moins ». Sommes-nous prêts à cela ? Qui plus est les Français ne sont pas les plus impactés. Pour l’Allemagne la situation est bien pire du fait des choix d’Angela Merkel, qui a remis le destin industriel de son pays dans les mains des Russes et qui, sous la pression des verts, a fermé les centrales nucléaires. Or, on le sait, si l’industrie allemande souffre, c’est toute l’Europe qui en subira les conséquences.
Alors comment faire ? Faut-il continuer de financer la guerre de Poutine ou décider enfin un embargo sur le gaz russe, à l’instar de ce qu’ont fait la Lituanie et la Pologne ? Pour l’instant, il n’en est pas question, même si de nombreux spécialistes estiment que c’est possible tout en respectant les objectifs climatiques de l’accord de Paris. Selon le Conseil d’analyse économique, le « sevrage » du gaz russe n’induirait en effet qu’une perte potentielle de revenu de 0,2 à 0,3 % à l’échelle du continent européen, soit un coût annuel moyen d’environ 100 euros par adulte et par an. A l’heure où le pouvoir d’achat devient la principale préoccupation des Européens, est-ce un prix acceptable ?
A quoi va donc ressembler notre avenir énergétique et écologique ? Le nucléaire restera-il la pierre angulaire de notre politique énergétique ? Les énergies renouvelables peuvent-elles remplacer le gaz russe ? Réponse le 29 juillet lors du débat « Eviter la panne – L’énergie à tout prix ? »