16H45-17H45 : S’armer – Eurodéfense, autodéfense ?

Deuxième demi-journée : lundi 29 août

La guerre revient en Europe, alors qu’on pensait qu’elle s’en était éloignée à jamais. Le conflit russo-ukrainien a remis la question militaire au cœur de nos préoccupations. Il a aussi constitué un électrochoc pour les Européens dont certains, comme les Allemands et les Néerlandais, ont pris conscience des faiblesses de leurs armées. L’Allemagne a d’ailleurs décidé de dépenser 100 milliards d’euros de plus pour la défense (le double de son budget annuel habituel) et va porter son budget à 2 % de son PIB dès 2024.

Cette impréparation européenne à des conflits de haute intensité ne date pas du 24 février. L’Otan, et les Américains en tête, réclament depuis 15 ans une hausse des budgets militaires européens pour un meilleur niveau d’équipement et de préparation des forces armées d’Europe. Notre vieux continent et la France savent-ils encore se défendre ?

A en croire les analystes et les généraux, c’est loin d’être le cas, beaucoup pensent même, qu’en l’état actuel des choses, nos forces armées ne pourraient mener une contre-offensive efficace que sur une quinzaine de jours. A l’heure où dans le monde les dépenses militaires ont doublé en 20 ans à quelque 2 000 milliards de dollars par an, un rééquilibrage s’impose donc. Mais comment faire ? Notamment face au géant américain afin de retrouver un “level playing field” ?

Depuis la Stratégie globale de l’Union européenne de juin 2016, les pays européens n’ont cessé de progresser vers l’affirmation d’une ambition d’autonomie stratégique commune. Avec la guerre en Ukraine et les intentions belliqueuses et expansionnistes de la Russie n’est-il pas grand temps de passer des vœux pieux aux actes et de trouver des correctifs aux failles nombreuses qui existent en matière d’armement dans les relations transatlantiques ? Oui, mais comment ?

Si on ne veut pas donner raison à Federico Fellini pour qui “la décadence de l’Europe a commencé dès la chute de l’empire romain“, il est clair que les économies européennes ne pourront prétendre jouer un rôle mondial au cours du XXIe siècle si elles sont incapables de construire ensemble leur sécurité et leur défense. D’autant qu’une Europe maîtresse de ses capacités militaires n’est pas une menace pour l’Alliance atlantique, mais au contraire un atout pour un meilleur partage des tâches.

Il ne s’agit bien sûr pas de déposséder les États membres de leur responsabilité en matière de défense, mais de permettre aux Européens de nourrir leur volonté de « vivre ensemble ».

Aujourd’hui, face à des interlocuteurs puissants, les Européens n’ont pas d’autre choix que de s’unir et s’imposer comme partenaire naturel des négociations sur la sécurité du continent. Le temps est venu pour l’Union de s’exprimer sur son avenir, non seulement pour contribuer à répondre aux crises et aux menaces, mais aussi pour s’affirmer comme un acteur majeur dans la géopolitique actuelle.

Mais reste à savoir quelle Europe les 27 souhaitent vraiment bâtir pour qu’elle puisse enfin devenir cet acteur majeur. Quels moyens partagés devront être mis en œuvre ? Notamment pour cesser de s’équiper hors de l’Union ?

Aujourd’hui, la défense européenne se compose de 27 petites armées et l’Europe achète 60 % de son armement à l’étranger. Une absence de coopération qui nous coûte très cher.

Une vision commune à 27 n’est pas cependant chose aisée et implique un dialogue permanent et respectueux. Un premier pas a été franchi le 21 mars dernier avec l’accord sur « la Boussole stratégique », visant à renforcer la sécurité et la politique de défense européennes à l’horizon 2030.

Les Européens sauront-ils aller plus loin et concrétiser cette volonté ? Réponse le 29 août lors du débat « S’armer – Eurodéfense, autodéfense ? »