15H15-16H15 : L’avenir des démocraties – Au nom des peuples !

Première demi-journée : lundi 29 août

« La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres », disait Winston Churchill. Mais aujourd’hui, où en est la démocratie, après deux années de pandémie qui sont venues brider nos libertés, après les soubresauts qu’a connus l’Amérique avec l’assaut du Capitole, après la montée des populismes et des extrêmes partout en Europe, après surtout la guerre qui s’invite à nos portes ? Partout des états d’exception s’inscrivent dans le droit, alors même que dans l’euphorie de la fin de la Guerre froide, certains allaient jusqu’à prédire la « fin de l’histoire » et la diffusion de la démocratie partout dans le monde. Péché d’optimisme ! Il suffit de regarder autour de soi. De la Chine de Xi Jinping, en passant par la Corée du Nord, la Turquie d’Erdogan, l’Iran et bien sûr la Russie de Vladimir Poutine, nombreux sont les Etats pour qui démocratie ne fait pas partie du vocabulaire. Même l’Europe n’échappe pas à la menace quand, en Pologne ou en Hongrie, les dirigeants n’hésitent pas à mettre à mal l’indépendance de la justice ou de la presse.

Face à la menace, avant même l’offensive russe sur l’Ukraine, 500 personnalités de tous les pays, parmi lesquelles la Nobel de littérature biélorusse Svetlana Alexievitch, l’écrivain français Bernard-Henri Lévy, l’acteur américain Richard Gere, l’ex-président polonais Lech Walesa ou encore l’ancienne cheffe de la diplomatie américaine Madeleine Albright, avaient signé une lettre en forme de mise en garde : « La démocratie est en danger ».

Dans sa fameuse Adresse de Gettysburg en 1863, Abraham Lincoln définissait la démocratie comme le « pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple ». Qu’en est-il aujourd’hui ? Pour Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique : « le fossé se creuse entre les préoccupations réelles, quotidiennes, d’une majeure partie du corps social, et les sujets qui agitent les plateaux télévisés et les débats politiques ». La démocratie libérale et représentative telle que nous la connaissons semble donc à bout de souffle, en France comme ailleurs. Comment lui redonner vigueur ? Pour certains analystes, il faudrait une nouvelle révolution, non pas violente comme le fut 1789, mais via un changement profond des règles du jeu politique et social, couplé avec une modification de nos modèles de production et de développement. La menace que fait peser sur le monde le réchauffement climatique va-t-elle permettre cela et éveiller les consciences ? Les solutions en tout cas ne pourront être que planétaires.

La démocratie « en tant que régime qui refuse tout excès et tout extrémisme » ne pourra prospérer que dans un climat de tolérance et de conciliation. La crise actuelle montre l’urgence de trouver de nouvelles formes de médiations entre les citoyens et les élus. Plus que jamais, Il semble important de ne pas céder à la peur. Il nous faut discuter sans tarder de la manière dont les institutions et les processus démocratiques peuvent être revigorés, en s’attaquant au décalage entre la demande populaire et les performances réelles des pouvoirs en place. Si la guerre en Ukraine met à mal la croyance en une fin de l’Histoire, qui serait une progression continue vers le progrès, nous devons croire comme Jacques Julliard que « la force de la démocratie réside dans sa capacité à sans cesse triompher et renaître des crises qu’elle traverse ».

Qu’est-ce que la démocratie ? Dans quelle mesure la majorité de la population mondiale peut-elle en bénéficier ? Comment expliquer le désenchantement actuel vis-à-vis de la démocratie et comment y remédier ? Que peuvent et que doivent faire l’Europe et les grandes nations occidentales pour redonner vigueur aux valeurs démocratiques et leur assurer un avenir pérenne ? Comment les institutions et processus démocratiques peuvent ils s’adapter aux changements du monde actuel ? Réponse le 29 août lors du débat « L’avenir des démocraties – Au nom des peuples ! »