Face au réchauffement climatique, l’objectif ambitieux d’une économie neutre en carbone à l’horizon 2050 nécessite d’accompagner le financement d’investissements massifs, de faire émerger des technologies de rupture et de préserver les entreprises d’une concurrence internationale moins ambitieuse sur le plan climatique. La neutralité carbone suppose des transformations majeures, voire radicales, de notre modèle économique et social, une acceptation de la part des consommateurs en matière d’évolution radicale des modes de vie et une anticipation des effets de transfert : quels gagnants, quels perdants, quels créations/destructions d’emplois, quelles compétences... ? Certains affirment qu’il est déjà trop tard, quand d’autres revendiquent qu’il est difficile d’aller plus vite ? Le temps de la démocratie est-il compatible avec l’urgence écologique ? Comment coordonner les calendriers entre Etats, organisations internationales ? Faut-il privilégier l’urgence écologique aux urgences économique et sociale ?

La transition écologique représente un défi sans précédent pour l'économie mondiale avec une transformation des business models et une mobilisation massive de financements publics et privés. Dans un contexte d'intensification des phénomènes climatiques extrêmes, les dépenses d'assurance liées au climat se sont élevées à 136 milliards d'euros en 2017. La Commission estime que l'atteinte des objectifs énergétiques, climatiques et environnementaux nécessite de mobiliser 270 milliards d'euros supplémentaires par an dans l'UE. La France prévoit de mobiliser 15 à 18 milliards d'euros supplémentaires devront être pour respecter notre trajectoire climat. Pour répondre à ces défis, la finance durable est en action. En 2020, les 618 fonds ISR (pour investissement socialement responsable) ont permis de gérer plus de 230 milliards d'euros. Et, si ce n'était qu'une question de d'argent ? Quid de l'efficacité du plan de relance ? Pourquoi la taxe carbone aux frontières est nécessaire ? Est-on prêts à payer plus cher pour des produits plus vertueux ? Qui doit payer ?

La transition écologique est source d'opportunités mais aussi de bouleversements, de tensions et de ruptures sur les emplois et compétences à court et moyen terme : pertes d'emplois importantes dans certains bassins d'emplois (secteurs de l'industrie traditionnelle, chaîne de valeur pétrolière et gazière, filière automobile…), pression sur le pouvoir d'achat pour les consommateurs, fiscalité... En France, la crise des Gilets jaunes a montré que pour être acceptées, les décisions fiscales en matière de transition écologique devaient être compatibles avec l'emploi et le pouvoir d'achat. La compétitivité des entreprises est aussi dépendante du pouvoir d'achat des Européens. Il faut anticiper un bouleversement complet des chaînes de valeur de l'industrie française dont la part dans le PIB a déjà régressé. Beaucoup d'emplois qualifiés sont en jeu. Du côté du consommateur, il manque encore un véritable signal indiquant comment les coûts élevés liés à la production de produits et de services en France dans un cadre environnemental très exigeant se répercutent sur le prix de vente. La fin justifie-t-elle les moyens ? Être acteurs de la transformation ou la subir ? Quid des transitions professionnelles : quel plan de formation, quelles compétences ? Faut-il inventer un nouveau dialogue social ?