#Êtreetavoir. La nouvelle lutte pour les classes – l’école de l’avenir

La pandémie de Covid-19 a été dévastatrice pour l’éducation des enfants partout dans le monde, avec des millions d’enfants recevant une éducation minimale, inadéquate, ou pas d’éducation du tout. La crise climatique, la guerre en Ukraine, le ralentissement économique, la montée des extrémismes religieux n’arrangent rien et conduisent de nombreux pays à reléguer au second plan les budgets consacrés à l’éducation. Or, miser sur l’éducation et la transformer est une question cruciale dans notre monde en crise, afin de préparer les générations futures à faire face aux défis complexes auxquels la société est confrontée.  L’ONU a fait de la transformation de l’éducation une de ses priorités. Lors du sommet « Transformer l’éducation », elle a fait passer le message suivant : « si nous voulons vraiment que chaque jeune de la planète ait droit à une éducation de qualité, nous devons faire les choses différemment. Nous devons transformer les écoles, la façon dont les enseignants enseignent, la façon dont nous utilisons les ressources numériques et la façon dont nous finançons l’éducation ». Mais comment faire pour que tout cela ne reste pas des vœux pieux et comment adapter les systèmes éducatifs au XXIème siècle pour donner à tous une meilleure égalité des chances et réduire la fracture numérique qui handicape aujourd’hui de nombreux pays ?

Lire, écrire compter… mais pas que

Bien sûr, les fondamentaux de l’éducation : lire, écrire, compter restent une priorité, mais force est de constater que, dans nos sociétés post-modernes, cela ne suffit plus. Il faut également transmettre ce que certains appellent « les compétences du XXIe siècle ».

L’Unesco a tracé neuf pistes d’améliorations des systèmes éducatifs, fondées sur une plus grande solidarité internationale. Ces pistes sont les suivantes : s’engager à renforcer l’éducation en tant que bien commun ; élargir la définition du droit à l’éducation, afin qu’il tienne compte de l’importance de la connectivité et de l’accès aux connaissances et à l’information ; valoriser la profession enseignante et la collaboration entre les enseignants ; promouvoir la participation et les droits des élèves, des jeunes et des enfants à la co-construction d’un changement souhaitable ; protéger, dans notre transformation de l’éducation, les espaces sociaux que représente l’école ; mettre les technologies libres et open-source à la disposition des enseignants et des élèves ; inclure l’alphabétisation scientifique dans le programme d’enseignement ; protéger les financements nationaux et internationaux de l’éducation publique ; promouvoir la solidarité mondiale pour mettre fin aux niveaux actuels des inégalités. Vaste programme ! Toutes ces pistes invitent à un vrai débat, à un engagement collectif et à une meilleure coordination des gouvernements, des organisations internationales, de la société civile et des professionnels de l’éducation partout et à tous les niveaux.

Ne jamais cesser d’apprendre

« Il faut bien comprendre que l’on enseigne toujours un monde déjà passé, rappelait Hannah Arendt, on n’éduque jamais que pour un monde déjà hors de ses gonds ou sur le point d’en sortir ». D’où l’importance de ne jamais cesser d’apprendre pour avancer d’un pas assuré dans un monde de plus en plus complexe, imprévisible et incertain, où tout change de plus en plus vite. Le système éducatif ne peut pas équiper les élèves pour exercer des emplois qui n’ont pas encore été créés, utiliser des technologies qui n’ont pas encore été inventées ou résoudre des problèmes sociaux que l’on ne saurait encore imaginer, mais il doit leur fournir une boussole, en les incitant à développer leur curiosité et à ouvrir leurs esprits. Certaines connaissances tombent vite en désuétude et les demandes de compétences évoluent. L’apprentissage ne peut donc plus se limiter au monde scolaire et universitaire, mais se poursuivre tout au long de la vie. En ce domaine, les entreprises ont aussi un rôle fondamental à jouer. Mais, pour que l’apprentissage soit efficace aux stades ultérieurs de la vie, il doit reposer sur des bases solides acquises à l’école.

Construire un système idéal de transmission des savoirs

Construire un système idéal de transmission des savoirs est un objectif ambitieux. S’il est en ce domaine illusoire de vouloir atteindre la perfection, certaines caractéristiques doivent être privilégiées : personnalisation afin de tenir compte des besoins spécifiques de chaque élève ; pertinence des connaissances transmises en phase avec les défis contemporains, en plus des indispensables savoirs de base ; accessibilité pour tous sans discrimination ; flexibilité afin de suivre au mieux les évolutions de la société et du marché du travail ; promotion de l’esprit critique et de la créativité ; intégration des dernières technologies ; promotion des compétence socio-émotionnelles… Cela implique des partenariats accrus avec la société civile et le monde économique, ainsi qu’une formation continue des enseignants.

Enfin, l’idéal laïque doit plus que jamais rester d’actualité. En France, le tragique assassinat de Samuel Paty l’a une fois de plus démontré. Il est en effet nécessaire d’apprendre aux enfants, qui sont particulièrement vulnérables, à résister à toutes les formes de pensée sectaire et de les aider à acquérir une véritable liberté de pensée.

France : peut mieux faire

Et la France dans tout cela ? Où en est notre système éducatif et comment l’améliorer ? Au fil des ans, notre pays a connu des résultats variables dans le classement international PISA de l’OCDE, qui révèle tous les trois ans qui sont les bons élèves et qui sont les cancres en matière d’éducation dans le monde. Par exemple, dans le PISA 2018, la France a obtenu des résultats moyens en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences, se situant généralement autour de la moyenne des pays de l’OCDE. Elle se classait à la 26ème place sur 79 avec 495 points, elle était 25ème en 2015. Le Royaume-Uni était 18ème, l’Allemagne 20ème, les Etats-Unis seulement 38èmes, tandis que les pays asiatiques (Chine, Singapour, Japon, Corée du Sud) trustaient le haut du classement.

Bien sûr, l’indice a ses limites, car il évalue trois critères seulement et ne rend pas totalement compte de la qualité de tout un système scolaire, mais tout de même ! D’autant que l’OCDE pointe aussi le fait que le système français reste l’un des plus inégalitaires du monde. En dépit des réformes successives et des alternances politiques, notre pays se caractérise par sa capacité à très bien former une petite élite (8 % d’une classe d’âge) et ne réussit pas à réduire son noyau dur d’élèves en échec scolaire. Notre système fait réussir les meilleurs, mais n’arrive pas à faire progresser les plus en difficulté.

Alors, comment faire pour remédier à cela ? Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Education nationale, avait suggéré quelques axes d’amélioration : traiter les inégalités dès la maternelle, mettre l’accent sur l’école primaire, booster l’accompagnement des collégiens en difficulté, doper la formation des profs et améliorer leur statut. Gabriel Attal aura peut-être d’autres pistes à ajouter. Mais il semble important d’associer mieux les professeurs aux réformes, comme c’est le cas en Finlande ou à Singapour, qui sont en tête des classements internationaux. Intensifier l’utilisation du numérique, qui reste très insuffisante dans notre pays, est sans doute aussi une solution.

Alors à quoi ressemblera l’école de demain en France et dans le monde ? Réponse dans la matinée du 29 août lors du débat #Êtreetavoir. La nouvelle lutte pour les classes – l’école de l’avenir.