D’ici la fin de l’année, la cinquième génération (5G) des standards pour la téléphonie mobile va enfin arriver en France et remplacera progressivement la 4G. Entre partisans et opposants à cette nouvelle technologie, la guerre fait rage, chacun avançant ses arguments, qu’ils concernent l’environnement, la santé ou la protection des données. Le président de la République, favorable à la 5G est même allé jusqu’à comparer aux Amish ceux qui la refusent. Alors, qui croire ? Faut-il se méfier de la 5G ou au contraire l’adopter sans complexe ? « Oser ; le progrès est à ce prix », écrivait Victor Hugo. Mais quel est donc celui de la 5G ?
Des usages multiples
Déjà disponible dans de nombreux pays – Corée du Sud, Japon, Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Suisse, Etats-Unis, Australie, Thaïlande, Pays-Bas, Irlande…, la 5G continue de diviser en France. Cette nouvelle technologie offre pourtant des capacités d’échanges et de stockage des données impressionnantes et des volumes d’appels pratiquement illimités. Plus performante que la 4G sur bien des plans, la 5G offre plus de rapidité, avec une vitesse pouvant atteindre 100 gigabits de données par seconde (100 fois plus que la 4G actuelle) ; elle permet un bien meilleur contrôle des objets à distance et ouvrira de nombreuses possibilités pour la télémédecine notamment.
Face à toutes ces promesses, pourquoi ce psychodrame français ? Toute arrivée d’une nouvelle technologie suscite de l’hostilité dans une partie de l’opinion. Pour la 5G cela est allé jusqu’à la destruction de dizaines d’antennes relais. Mais que redoutent vraiment les détracteurs de la 5G ? Au premier rang de leurs craintes, on trouve l’argument de la santé. 170 médecins et scientifiques de 37 pays sont même allés jusqu’à demander un moratoire sur le déploiement de la 5G. Mais faut-il vraiment craindre une catastrophe sanitaire ? Rien n’est moins sûr.
Dangers pour la santé, vrai ou faux ?
Voilà des années que les chercheurs s’interrogent sur les effets des ondes électromagnétiques sur la santé, sans jusqu’à présent parvenir à s’accorder sur une éventuelle nocivité. Pour basculer dans l’ultra haut débit, le réseau devra s’appuyer sur une bande de fréquence très haute. Or plus la fréquence est haute, plus la portée des ondes est courte. Cela nécessite donc de multiplier les antennes. D’où les craintes de certains. Le 11 mars dernier, la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants a toutefois estimé que les radiations émises par la 5G étaient inoffensives, d’autant que l’exposition globale est « faible au regard des valeurs limites d’expositions actuellement utilisées ». Les Américains sont parvenus à la même conclusion et la Food and Drug Administration a estimé que la 5G est tout aussi inoffensive que la 3G ou la 4G. Pour aller plus loin, le gouvernement a toutefois demandé à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de « conduire une expertise sur l’exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de la 5G et aux éventuels effets sanitaires ». Les conclusions sont attendues pour le 1er trimestre 2021. En attendant, l’ANSES a rendu un rapport préliminaire qui se veut lui aussi rassurant, en affirmant que « tous les travaux menés jusqu’à maintenant n’ont pas mis en évidence de risque avéré lié à l’exposition aux antennes relais de téléphonie mobile ».
De l’avis de nombreux spécialistes, ce ne sont d’ailleurs pas tant les ondes de la 5G ou de la 4G qui représentent un danger pour la santé, mais plutôt les téléphones mobiles eux-mêmes, qui pourraient être responsables d’une « possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs ».
A en croire la science, la 5G ne représente donc pas, jusqu’à preuve du contraire, un danger pour la santé.
Et l’environnement ?
Autre crainte des anti 5G, la menace qu’elle fait peser sur l’environnement. Certes l’arrivée de cette nouvelle technologie va nous obliger à nous équiper d’appareils compatibles. Que vont alors devenir les millions, voire les milliards de smartphones 4G encore en bon état de marche ? Le recyclage des anciens appareils et la fabrication des nouveaux va, c’est certain, encore augmenter l’empreinte écologique. Mais les Français changent déjà de téléphone tous les deux ans en moyenne, et 88 % le font alors que leur appareil fonctionne encore selon l’Ademe. L’arrivée de la 5G ne changera donc pas grand-chose in fine.
Quant à la flambée de consommation de données mobiles, donc de la facture énergétique, il est clair que la 5G, permettant des débits dix fois supérieurs à ceux de la 4G, va inéluctablement entraîner une forte consommation d’énergie. En contrepartie, il ne faut pas oublier qu’à consommation de données équivalente, elle aura une meilleure efficacité énergétique que la 4G, car elle est la première technologie mobile à avoir été conçue pour minimiser la consommation d’énergie. Ceci permettant de compenser cela… au moins en partie.
Haro sur les données
Troisième série d’inquiétudes des anti 5G, tout ce qui touche au vol de données par les géants du numérique et par les hackers. Il existe toutefois un garde-fou, le RGPD (Règlement général sur la protection des données personnelles).
Au-delà de toutes ces craintes, il faut bien comprendre que le déploiement de la 5G en France, déjà en retard en ce domaine, est avant tout une question de compétitivité. Elle promet une nouvelle révolution industrielle, qui sera génératrice de croissance et d’emplois. Pour les entreprises, elle représente l’opportunité d’une meilleure productivité et d’une plus grande capacité d’innovation. Comme le souligne le ministre de l’Economie, « ce serait donc une erreur dramatique de s’en priver ».