De la peste d’Athènes au Vème siècle avant Jésus-Christ, en passant par la peste noire qui aurait fait plus de 75 millions de morts dans le monde entre 1347 et 1352, et plus près de nous, la grippe espagnole qui aurait touché entre 1917 et 1919 près d’un tiers de la population mondiale, sans parler du sida avec ses 3 millions de victimes par an… l’humanité, dès l’antiquité, a dû affronter des pandémies mortelles. La Covid-19 est donc loin d’être la première et n’est sans doute pas la dernière.

Face à cette menace, la France et son système de santé, réputé être le meilleur du monde, sont-ils suffisamment armés pour faire face à de futurs dangers, par nature inconnus ?

Au-delà de l’implication sans faille de l’ensemble des personnels soignants, auxquels les Français ont su manifester leur gratitude, la gestion pour le moins erratique de l’actuelle épidémie a mis en évidence, au-delà même de la confusion des scientifiques face à un virus méconnu, la pénurie de moyens matériels et humains de notre système de santé publique. La polémique autour des masques et des tests en est la triste illustration.

Se pose en fait toute l’organisation de notre système sanitaire et en particulier de l’hôpital public. Cela faisait pourtant des années que médecins, infirmiers et services d’urgence tiraient la sonnette d’alarme, mais sans vraiment être entendus. La crise a révélé au grand jour que la refonte de notre système de santé malade ne pouvait plus attendre. « Il est bien dommage qu’il ait fallu un tel péril pour faire bouger les choses. Un dixième des initiatives prises pendant cette crise pourrait déjà améliorer nettement l’hôpital à long terme », souligne Philippe Juvin.

Certes, le gouvernement a répondu par l’organisation du Ségur de la santé, qui aura permis de relever le revenu des soignants. Mais au-delà des questions d’argent, qu’en est-il des nécessaires avancées en termes d’organisation ?

Comme le dénonce le professeur Guy Vallencien, « l’hôpital reste figé dans un schéma qui date du siècle passé. Or, sans une transformation profonde de l’intégralité de notre système de santé, nouvelle pandémie ou pas, nous fonçons droit dans le mur ».

Pour lui, il y a notamment urgence à « renverser l’ordre médical », en s’appuyant d’abord sur les infirmières, les aides-soignantes les sages-femmes, les kinés, les pharmaciens et les professionnels du médico-social, ces parents pauvres trop souvent oubliés. Et qui au cours de cette crise ont montré toute leur importance.

Autre urgence soulignée par la majorité des experts, sortir de la verticalité bureaucratique et décentraliser notre système pour une meilleure proximité sanitaire.

Une question toutefois, pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ?

Le manque de matériel pour lutter contre le Coronavirus a également mis à jour notre dépendance à l’égard d’autres pays et relancé le débat sur la désindustrialisation de la France. On dénonce aujourd’hui trop de délocalisations et on évoque la souveraineté nationale pour des biens essentiels, comme par exemple les médicaments, pour la plupart fabriqués en Asie à cette heure.

Enfin, à l’aune de cette crise, quel regard les Français portent-ils aujourd’hui sur la science ? Pour l’heure, elle ne propose ni remède, ni vaccin et les scientifiques, qui tout au long de la crise ont été omniprésents dans les médias et sur les plateaux télé, ont surtout montré leurs tâtonnements, voire leurs désaccords.

Pourtant, selon un sondage Harris Interactive de juin dernier, 93 % des Français gardent leur confiance envers la science. Elle reste perçue comme vecteur de progrès et d’innovation. Mais si la science reste inébranlée, les scientifiques sont eux pointés du doigt pour leur mauvaise compréhension de la crise et pour le manque de clarté de leurs explications.

Un modeste virus est parvenu en quelques semaines à stopper toute la machine économique, mondiale et défie la science. Alors serons-nous prêts demain pour affronter une deuxième vague de Covid-19 ou une autre pandémie ?

« Nous serons prêts », a assuré Emmanuel Macron le 14 juillet. Peut-on y croire ? Les participants au débat « Santé : check-up complet ! » tenteront d’apporter des réponses le 27 août prochain.

Plénière « Santé : check up complet ! » – jeudi 27 août de 9h30 à 10h20