La RSE : le temps de l’action

L’entreprise n’est pas un monstre froid ou abstrait. C’est un collectif de femmes et d’hommes, qui travaillent ensemble à la réalisation d’une ou plusieurs missions. Il s’agit donc d’un acteur non seulement économique, mais aussi de la société, légitime à s’exprimer, à prendre position. Face aux défis du siècle, la double crise climatique et environnementale notamment, l’entreprise doit passer concrètement à l’action.
Chez SUEZ, nous avons la chance d’œuvrer à la préservation de biens communs ou publics – l’eau, l’air, la terre – au travers nos activités. Bien entendu, nous devons être rentable et donc le plus performant possible dans la réalisation de celles-ci afin de récompenser les actionnaires prêts à miser sur nous. Mais l’objectif financier seul n’est plus suffisant : nous devons les réaliser en maximisant notre impact positif pour la planète, que ce soit en réduisant notre empreinte carbone, ou en protégeant la biodiversité, par exemple.
C’est une nécessité qui nous oblige tous dans le contexte de crise climatique et environnementale que nous traversons. L’entreprise n’est pas non plus neutre d’un point de vue politique et moral : au-delà du droit qui s’impose dans chaque pays, un collectif – à plus forte raison multinational – doit se doter de règles communes, partager des valeurs, se retrouver sur des aspirations. Cela nous permet de mener plusieurs combats, à notre échelle, pour contribuer à corriger des grands déséquilibres du monde, comme par exemple sur la place des femmes dans l’entreprise, ou bien sur l’intensité en carbone de l’activité économique. Nous visons moins 45% d’émissions de CO2 sur nos propres activités d’ici à 2030.
Bien plus qu’un enjeu de réputation, de compliance ou de respect de la législation, la RSE est donc désormais pleinement intégrée dans la stratégie comme dans les opérations de SUEZ. Il ne s’agit pas d’un accessoire à la main des communicants, d’une usine à gaz pour plateaux télé ou forums en tous genres. Elle irrigue toute notre organisation, de la tête aux pieds.
Depuis longtemps bon élève en la matière, notamment au travers de la publication dès 2008 de notre feuille de route développement durable, comportant des indicateurs précis allant aussi bien de la part des femmes aux postes d’encadrement qu’à la quantité de gaz à effet de serre émis par nos activités, SUEZ a souhaité encore plus loin à l’occasion de la définition de sa nouvelle stratégie en 2019 et de sa Raison d’être en 2020.
Cette dernière possibilité, ouverte par la loi Pacte de 2018, nous a permis d’énoncer clairement l’utilité environnementale et sociale du Groupe. Cette Raison d’être, fruit d’un travail de construction avec nos collaborateurs comme nos actionnaires, reflète notre vocation et oriente nos choix d’actions à long terme en réaffirmant nos engagements en matière de RSE et de développement durable. Gadget pour ses détracteurs, je préfère la voir comme une boussole pour guider nos choix.
Pour certains, à l’instar de la RSE, elle peut paraître un édifice un peu artificiel, une sorte de déclaration d’intentions. C’est pourquoi il faut agir vite et atteindre profondément nos organisations afin de passer de la parole aux actes. C’est ce que j’ai retenu de mon échange récent avec le collectif de salariés « SUEZ Acts for the planet », qui essaime dans plusieurs grands groupes, et cherchent à mettre en réseau des salariés désireux d’agir ensemble pour accélérer la transformation de leur entreprise. Comme ils le disent si bien, se référant à une étude de la Harvard Business Review, « il suffit de 10% des collaborateurs pour changer toute l’entreprise. »
Pour SUEZ, passer à l’action signifie aussi bien déployer une formation pour tous les collaborateurs (la « fresque du climat ») qu’introduire dans la structure de la part variable de la rémunération des cadres dirigeants l’atteinte d’objectifs chiffrés en matière de développement durable. C’est aussi benchmarker nos entités opérationnelles les unes entre les autres en contractualisant avec elles des objectifs précis sur des indicateurs clefs (taux de féminisation de l’équipe de direction, proportion de sites disposant d’un plan biodiversité, par exemple). Cela revient aussi à introduire un prix du CO2 dans l’évaluation de nos projets ou allouer chaque année une enveloppe d’investissements dédiée exclusivement à réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, intégrer pleinement la RSE dans la stratégie comme dans la bonne marche quotidienne de l’entreprise ne peut pas uniquement reposer sur le volontariat, à savoir le bon vouloir des dirigeants, ou sur des critères variables d’une entreprise et d’un secteur à l’autre. Les analystes, les observateurs, nos actionnaires doivent pouvoir comparer les sociétés entre elles. C’est pourquoi nous soutenons les initiatives menées au niveau européen et destinées à rendre plus lisible et cohérente la lecture de la performance des entreprises en matière de RSE.
Notre choix de prendre les devants en matière d’évaluation de nos activités eu égard aux critères de de la taxonomie européenne dès 2021, un an avant l’obligation européenne, est un signal fort de notre engagement. A ce titre, 74% de notre chiffre d’affaires de 2020 est identifié comme « durable ». On ne peut qu’espérer que tous les travaux en cours, et notamment la révision prévue de la directive européenne sur le reporting extra-financier, convergent pour rendre les choix de chacun (investisseur, consommateur, clients) plus aisés afin de distinguer les bons des mauvais élèves, ceux qui sont passés à l’action de ceux qui sont restés aux discours de principes. C’est bien là le nerf de la guerre pour que chaque acteur puisse passer des paroles aux actes.

Bertrand CAMUS